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Alg�rie m�moire enfouie
| | Alg�rie, m�moire enfouie Gérard Fuchs Deno�l
| Prix éditeur 17.00 euros
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Plus que de perdre la vie, � en Alg�rie le risque �tait de perdre son �me �. Entre 1954 et 1962, la guerre supprime les jeunes g�n�rations tandis qu'elle angoisse les autres... Parce qu�elle efface les illusions, qu�elle tracasse et rend fou. Parce qu�elle d�robe la vie, suivant les mots d'une sombre litanie qui semble dire aux appel�s : � soit tu meurs, soit tu meurs �. Bref, on a su saigner les familles et attiser la haine.
Le service militaire en Alg�rie devient le cadeau d�une France aveugle qui assassine ses enfants... A 20 ans dans les Aur�s, tout tombe d�un coup. Face � ses peurs, on couche avec la mort pour sauver son corps... On est surtout face � soi. Au c�ur du combat les interrogations s�effacent. Puis apr�s, dans la caserne, on oublie son �me ; on est mort - pour de bon. Quelque part - oui quelque part -, revenus ou non, tous les hommes d�Alg�rie sont morts. Les images sont plus efficaces que les balles : elles tuent l'esprit.
Pour que les enfants de tous puissent se souvenir, G�rard Fuchs raconte sa guerre. Presque 40 ans plus tard, il s�interroge sur cette � m�moire enfouie �. Il choisit de t�moigner selon la formule de Brecht : � celui qui sait et qui ne dit rien est un criminel �. Il �crit aussi � pour ceux qui sont all�s l�-bas et n�ont jamais parl�... afin que plus jamais cela ne se reproduise, chez nous et ailleurs �. Ce journal d�un homme simple est celui d�une France meurtrie. C�est la croix d�une politique coupable.
� Je ne voulais pas parler, je ne pouvais pas parler �
Journal de guerre s'�chelonne au gr� des missions avec le sang-froid qu'il faut, lors d�une op�ration militaire. La pr�cision traverse le temps, 40 ans ne la gomment pas : preuve de l�efficacit� de la violence des souvenirs, de la r�alit� alg�rienne.
Si petits dans l�immensit� des paysages d�Alg�rie, l�aspirant H., le lieutenant A., le capitaine C. et les autres deviennent au fil des pages, des entit�s plus que des hommes. Certains ont commis des actes de guerre injustifiables, d�autres gardent leur dignit� jusqu�au bout. G�rard Fuchs n��crit cependant pas pour juger. Il ne pointe pas du doigt, ne soumet aucun jugement. Ainsi celui d�en face n�est pas l�ennemi mais simplement un homme qui, comme les autres, tente de sauver sa peau. La pr�cision froide des op�rations de nuit se heurte � la chaleur du massif des Aur�s. En Alg�rie, on meurt au paradis.
� Le courage de voir et de savoir �
G�rard Fuchs ne peut achever son t�moignage sans expliquer sa vie. On comprend la d�marche, on comprend sa guerre parce que l�on conna�t l�homme. De 1981 � 2002, il alterne les fonctions de d�put�, fran�ais ou europ�en. Comme si pour lui, rien n��tait v�ritablement fini. Un devoir coll� au corps. Faire que les choses avancent, ne pas se laisser aller au fatalisme : G�rard Fuchs incarne l�Honneur. Il fut responsable de questions de d�fense. Un dernier combat contre la guerre... � En Alg�rie, le risque �tait de perdre son �me �.
Benjamin Brunette
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