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Br�ves histoires de ma m�re
| | Br�ves histoires de ma m�re Bernard Desportes Fayard
| Prix éditeur 15.00 euros
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La petite ville de Glurk sur le bord du Lavd. L�univers de Vlad, ses vall�es, ses cimeti�res, ses corps qui se retrouvent pour le sexe, ses souvenirs agglutin�s qui filent comme des �toiles bient�t propuls�es dans l�oubli. La m�re est l�, fi�vreuse, balbutiante, heureuse et �panouie parfois. Incrust�e dans la chair narrative, elle donne au r�cit sa force et sa violence. Elle est femme bris�e, cassante, elle fait mal quand on la lit. Son fils porte sa d�t�rioration � travers les mots, les maux du temps lim� par les douleurs affectives ou livr�s � vif quand le c�ur saigne trop. Trop, fort, trop vite.
Le fils est homosexuel. Il raconte les enlacements, les peaux qui se croisent et s�exhaussent sans jamais s�aimer, les orgasmes qui exultent car il faut bien que le corps le fasse, ces jeux de gar�ons o� le moi est roi dans un indicible d�ferlement extatique.
Br�ves histoires de ma m�re aurait pu �tre colport�. Livr� � nos attentions par le soin de conteurs, chanteurs ou com�diens. Il y a en effet dans cette reconstitution h�t�roclite d�un v�cu enfantin des sons, des cris, des pleurs qui transpirent et que l�on entend par del� les verbes et les adjectifs. Le rythme est effarant de pr�cipitation, de moments qui s�encha�nent, s�entra�nent. Des parcelles d��motion mal imbriqu�es parce que filtr�es par les manquements de la m�moire, ceux qui servent � survivre, � se sauver de la souffrance. Exactement �a. Desportes est un musicien, un accro du tempo, de cette harmonie entre ce qui se lit et ce qui se dit, veillant � illuminer ce que les mots apportent en dehors de leur signification. Dans leur capacit� inou�e � constituer une partition, ensemble.
Glurk, je ne sais o�, une ville qui sonne comme le d�go�t. Le fils le ressent, d�entendre les g�missements de sa m�re, de saisir la haine qui la dresse contre son p�re. Il taupinait, il la trompait, elle le d�teste. D�j� vu, d�j� dit. Les f�lures des com�dies humaines renferment souvent ces dr�les de vies, d�bordantes d�amour, l�amour � en crever. Puis, un jour, plus rien. Parti, le corps des autres, le sexe des autres, plus rien. Les lettres qu�on relit, les larmes qui vous serrent. La m�re de Br�ves histoires... � choisi le ressassement brutal, son fils en ligne de mire.
Expos� sur la cible, le lecteur est d�chiquet� de tant de coups. Desportes ne m�nage jamais. A coup de machette, il tranche ce qui pouvait rester de vivant de la joie. C�est fou ce que son r�cit casse, c�est fou ce qu�il r�ussit. Parce qu�� tout d�sir de lire correspond le d�sir d��tre chang�, touch�, atteint. Pour sentir le c�ur qui s�offre � la vie.
Céline Mas
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