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Sarah K.477
 | | Sarah K.477 Sandrine Rotil-Tiefenbach Que
     | Prix éditeur 17.00 euros
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L�histoire, presque simple : Sarah tombe raide dingue d�Arthur �chauve, lunettes, yeux bleus- et imagine diff�rentes versions de leur premi�re relation sexuelle. (Arthur ne conna�t pas Sarah). � Sa bouche happe son nombril, le l�che. D�une main qui tra�ne, il tire doucement sur un cordon de la jupe, [�] puis la main se glisse sous l�un des pans, caresse la jambe. Elle tremble. Comme une petite feuille. A se briser. �. D'abord romanesques et sensuels, les �pisodes deviennent de plus en plus spasmodiques et visc�raux. Sarah finit par se voir en nymphomane. � Au fait, combien �taient-ils, d�j� ? Sept ? Huit ? Dix ? Davantage ? �.
Serait-ce tomber dans la facilit� que de comparer Sarah K.477 avec La vie sexuelle de Catherine M. ? Ces deux romans peuvent tous deux para�tre inutilement provocants ou g�nialement lib�rateurs. Catherine montre une libert� volontaire du corps, une sexualit� assouvie par envie alors que Sarah doit baiser par besoin, son d�sir s�emparant de sa volont� et rendant au corps son autonomie quasi bestiale. Sandrine Rotil-Tiefenbach traite ici d�un sujet plus pathologique que le � je suis directrice d�Art-Press et je suis une chienne � de Catherine Millet (m�me si nous ne limiterons pas ce livre � cet intitul�). En effet, il est ici question de nymphomanie.
La structure du livre r�v�le parfaitement ce combat entre le d�sir et le corps, entre la r�alit� et le r�ve. Deux r�cits, deux Sarah. Dans le r�le du � je �, Sarah, la jeune femme amoureuse, bovarique, qui aime faire l�amour. � Je suis une femme qui a un corps fait pour le plaisir et qui r�ve d�hommes avec lesquels s��battre et s�aimer at vitam aeternam, parce que c�est bon de faire l�amour, parce que c�est bon, c�est tout �. C�est l�h�ro�ne type des collections Harlequin. R�ve de coucheries avec le gar�on de ferme, mais tout ce qu�elle a ce n�est qu�une sorte d��rection f�minine. � C��tait un chaud sp�cial, inconnu, qui venait du ventre. Il y avait quelque chose qui se passait l�, entre mes jambes, pile au niveau du zinzin �. � Zinzin �? Alors que juste apr�s son autre moi va se faire violer par toute une troupe de th��tre. � Je �, c�est la jeune timide qui r�ve de tr�pidations sexuelles, mais qui est assez �quilibr�e pour se dire que � certains r�ves sont tr�s bien en tant que r�ves. Mais nous ne les voudrions pas vrais. Jamais. �
Son autre moi c�est � elle �. Celle qui fascine la timide Sarah. Sarah, la nympho, dont le corps a pris son autonomie. Cette Sarah, elle, elle enl�ve sa petite culotte dans un endroit public. Elle couche plusieurs fois avec Arthur. Et avec un type dans une cour sordide. Et avec pleins d�autres. Elle baise plus qu�elle ne fait l�amour. Sarah, c�est plut�t Clara Morgane, mais en t�l�-r�alit�. � Elle � c�est la Sydney Fox des tournantes, la James Bond girl des bars glauques. � Elle � c�est le petit diable sur l��paule de � je �.
Mais l��me du livre ne tient pas en son contenu, qui rend compte du d�sir f�minin � la premi�re personne sur 118 pages parcel�es de trop petits paragraphes. C�est cette couverture : un clitoris gluant, b�ant et offert. Un � Origine du monde � de Courbet, version photo, rappelant la sc�ne du film muet dans Parle avec elle - le carton-p�te en moins. Plus qu�une vision de sexe cannibale, il s�agit l� de la serrure qui ouvre sur le d�sir originel. Et c�est apr�s maintes entreprises infructueuses sur notre chaste esprit, que l�on arrive, planqu� dans sa chambre, en ayant l�impression d�avoir piqu� un Reiser particuli�rement cochon des parents, � en saisir un sens un peu plus profond. Sarah K.477, n�est pas un roman pour provoquer, c�est un �loge du d�sir, c�est un recueil de po�sie d�di� � l�art du cunnilungus et de la fellation : voil� pour le premier roman de Sandrine Rotil-Tiefenbach -po�te de formation- et quatri�me publication des �ditions QUE. A chercher l�origine du monde, on finira bien par trouver les amygdales�
Sophie de Laboulaye
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