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Traces
| | Traces Nathalie-Noëlle Rimlinger Editions de l'H�tel
| Prix éditeur 12.00 euros
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Recueil de perversit�s artistiques, Traces �voque � la premi�re personne l�immensit� imaginative d�une femme. Une femme-animal, une femme peu encline aux femmes, une femme sculpteur et peintre. Non contente d�avoir une vie terrestre, elle construit, pour elle et ceux qui le d�sirent, un monde imaginaire. Et surtout des personnages imaginaires : Thomas, amant fusionnel (Thomas est-il vraiment imaginaire, d�ailleurs ?) et Lilie qu�elle cr�era pour son �diteur, Paul. Ou plus exactement, Paul lui ach�te Lilie. � "Je la veux sur mesure et qu�elle naisse de notre accouplement. Peux-tu �tre ma s�ur ?" Je le regarde, puis l�argent. "C�est pas assez, fais-je remarquer, mais tu l�auras. Elle s�appelle Adeline, on l�appellera Lilie� Elle sortira de moi, si tu me paies mieux, et tu seras son p�re comme son amant." "Mais je veux l��pouser. Elle aura besoin de ma protection." "Elle sera �ph�m�re. Je ne fabrique pas de miracle. Seulement la r�alit�." �.
Contrairement � n�importe quel Raoul, ami imaginaire du premier schizophr�ne venu, ces personnages et mises en sc�ne sont reconnus comme imaginaires. La femme a encore un doigt de pied sur terre pour intercaler dans sa vie quotidienne, quelques passages, quelques r�ves, quelques cauchemars. Enfin, c�est ce qu�on peut comprendre vu l��normit� de ces fantasmes. Ou alors, elle a une vie particuli�rement malheureuse et sordide. Ces passages sont entrem�l�s de r�ves endormis autrement plus pervers, qu�elle tente d�analyser. Comment d�crypter le r�ve o� sa m�re la force � lui faire un cunnilingus, puis o� elle se retrouve tr�s attir�e par la jeune ma�tresse de son p�re ? � J�ai bu trop d�imagination. Je me suis faite soigner mais la lobotomie dans ce pays, putain, n�existe pas assez. � Mais en guise d�introduction, la femme ou l�auteur, ou les deux r�unies puisque tr�s similaires, averti le lecteur : � Il n�y a pas d�art sans cette id�e d�un v�cu par procuration qui nous laisse libre de p�n�trer comme de quitter l�agitation des r�ves. Mais permettez-moi d��tre au-del� de l�assassin� Sans transgression, il n�y a pas d�imaginaire. C�est moi qui commettrai les crimes et cependant, il n�y aura pas tant de distance entre mes pas, les v�tres, dont nous effacerons les traces� �.
Harcel� de m�taphores et de d�lires artistico-linguistiques, le texte de Traces n�est pas le plus accessible qui existe. Si le style est recherch� -et pas toujours en vain-, les accumulations sont lourdes, les phrases �prouvantes et les paragraphes annihilants. � Se venger du corps par la mati�re, se venger de la mati�re du corps, pour trouver l��me s�ur du corps, cet autre tissu dont la mati�re laisse filtrer la lumi�re-corps jusqu�� r�inventer la peau du corps par une bouche ouverte, b�ante, qui n�a qu�elle-m�me pour se parler� qui est seule. Je n�ai pas re�u, pas pris le vernis des mots� S�rement qui demande au corps d��tre l�, lui aussi, o� le sang fait fronti�re � un mot noirci d�esp�rance� �. M�lange douteux de po�sie, d�essai artistique et de philosophie, Nathalie-No�lle Rimlinger n�en fait pas un r�cit d�pourvu d�humour. Humour d�cal�, certes, mais qui parfois nous surprend et nous offre une minute de relaxation apr�s une page �puisante. � Ni bi�re, ni terre, je veux que l�on me r�duise en sable d�os noir et que l�on me verse dans l�une des urnes que j�ai fabriqu�es, vivante. [�] Et de temps en temps, pr�l�ve de cette mati�re par le bout rose de ta langue et go�te-moi. Tu as su le faire, tu le referas. Par curiosit�, puis par distraction� coutume� Je me diluerai au fil des jours en toi� Jusqu�� r�sider, m��tablir en tous tes circuits, jusque dans tes bourses� Et chaque fois que tu feras l�amour (ne mets pas de pr�servatifs, tu me raterais�) ; il y aura sous ton p�nis mille petits sourires en croix, pour toi� �.
Premi�re parution des Editions de l�H�tel, mais troisi�me roman de l�artiste sculpteur-peintre Nathalie-No�lle Rimlinger (La Main d�Herm�s, L�Impossible manque). Son talent d�artiste ne souffrira aucune remise en question tandis que celui d��crivain est encore contestable. � Je sais, je vous entends grogner et vous avez parfaitement le droit de refermer ce livre injurieux. � Esp�rons que pour un temps, quelques-uns se fouteront du droit.
Sophie de Laboulaye
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