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D�fiscalis�es
| | D�fiscalis�es Patrick Besson Fayard
| Prix éditeur 16.00 euros
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Avant les marronniers de la rentr�e, journaux et magazines � marronnent � leur s�lection de l��t� : le meilleur film, la meilleure cr�me, le meilleur livre. Comme aux oscars, les gagnants ne sont pas toujours les meilleurs ; la justesse devrait pr�f�rer l�expression � le plus appropri� � �. Ainsi, vous avez pu comprendre entre les lignes (surtout entre celles du Figaro, du Figaro Magazine, du Figaro Madame et du Figaro Etudiant) : � D�fiscalis�es de Patrick Besson est le meilleur roman de l��t�. � Est-il seulement le plus appropri� ?
Stella, An�mone et Martine sont de vieilles amies d�hommes et d�argent. Sur leur transat, il est question r�gimes, fringues et voitures. Quand les femmes sont riches, les femmes sont seules. C�est encore pire quand elles sont vieilles, et pour ne rien arranger, l�histoire se passe � Majorque. Justine et son vrai-faux petit ami sont de passage dans la villa. Justine est-elle lesbienne ? La jeunesse m�prise la vieillesse, baise davantage mais s�emmerde tout autant. Qui des trois vieilles sera la plus belle ? Laquelle invitera-t-on � danser ? Y en a-t-il une pour mourir avant les autres ? Dans sa vie, Besson a fr�quent� des cocktails, mis pas mal de mains aux fesses et surtout, a tir� le meilleur (ou le plus appropri� ?) de la s�rie Absoluty Fabulous. Elles se tirent la robe Saint-Laurent � l�heure du gin. � Le go�t du gin-tonic, le go�t de la jeunesse. C�est toujours ce qu�elles prenaient quand elles sortaient en bo�te. � Du m�me Patrick, on se rappelle les jeunes filles argent�es de son roman La Paresseuse. A cette �poque, Besson notait que toutes les filles s�appelaient Fran�oise ou Marie-Claude, mais sous l�agilit� narrative d�un Besson tr�s en forme, une d�fiscalis�e post-hype ne rechigne pas � changer de pr�nom. Avec le temps, les Fran�oises sont des Stellas.
La Bessonade, moins connue que la Raffarinade, a son caract�re � la meilleure �tant, encore ici, l�expression "in petto". Les formules dr�les et d�finitives restent encore du Besson (� C�est �a, en fait, �tre vieux : ne plus vieillir �) tandis que l�aspect autobiographique de l�auteur de 28, rue Aristide Briand dispara�t peu � peu. Pour l�avoir �t� trait� maintes fois, le pass� de l��crivain pr�coce s�estompe au profit d�un conte d�guind� servant une incertaine id�e de l�argent. Incertaine, car vous lirez dans la bouche d�une milliardaire � Qu�est-ce que c�est, l�argent, quand le soir tu vis et que le lendemain tu meurs ? � � D�fiscalis�es �, cela ne veut-il pas dire ne plus payer d�imp�ts ? Quand on ne paie plus, cela ne veut-il pas dire que l�argent n�existe plus ?
Plus d'argent, plus de jeunesse, plus de bonheur. Besson a tout abandonn� sinon la tendresse, le soleil, les rires, la gr�ce, le mouvement, la femme, le gin, le luxe, le sexe. � Comme dans un roman de Sagan ou un film de Vadim �, il reste un bout d�humanit�. Rien de plus appropri� pour un �t�.
Ariel Kenig
+ Portrait de Besson sur Zone...
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