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Allah recherche la superstar
 | | Allah superstar Y.B. Grasset
     | Prix éditeur 17.00 euros
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Tout le monde en a parl�. Tout le monde en parlera : �crire un livre comme on �crit un spectacle comique (un stand-up plus pr�cis�ment), �a ne se fait pas. Et cela m�rite donc qu'on en parle. "Si tu sais pas, d�j�, le stand-up c'est quand tu es debout sur sc�ne et que tu racontes des conneries pour faire marrer les gens, sauf qu'� la mosqu�e c'est pas des conneries et �a fait plus peur que rire." Moins convenus que la tripot�e de romans "11 septembre", Y.B. � pour Yassir Benmiloud � pose la meilleure question de septembre : peut-on rire de l'Islam ?
Allah Superstar raconte le destin de Kamel, mec des cit�s � la vanne facile. Son id�e ? Se scotcher la fausse barbe, �crire un spectacle, le monter et prendre l'accent de la marionnette de Ben Laden � celle des Guignols de Canal +. L'histoire finira sur sc�ne, � l'Olympia, par un attentat. Autre auteur alg�rois, Aziz Chouaki, en 2000, racontait dans Aigle (�ditions Gallimard, collection Fronti�res) le parcours singulier d'un jeune maghr�bin en qu�te de succ�s litt�raire. La m�me ascension. La m�me d�faite. N'y aurait-il jamais d'issue pour un J.O.D ("jeune d'origine difficile") ?
Qui vous a parl� d'issue ? Allah Superstar encense la foi en soi, le courage, l'inventivit�, tandis qu'il d�nigre la foi en Lui, en Raffarin, en ces 60 millions de Raffarinistes. Cependant, le discours ne se r�duit pas � de bons sentiments de gauche Touche-pas-�-mon-pote : les personnages secondaires, qui m�riteraient toutefois d'�tre �paissis, visent la repr�sentation sociale dans ce qu'elle a de plus pur. Les uns soutiennent le petit comique, les autres s'en �loignent. Les doubles discours se r�pondent, se perdent : "Mais pendant ce temps le Cheikh lui il croit je pr�pare ma conversion pour de vrai, m�me si c'est pas faux, mais je lui ai pas dit que je bossais sur les sketches d'Oussama." Peut-on rire avec ce Cheikh, premier � rire : "Il y a pas de fum�e sans feujs" ?
Peut-on rire de l'Islam ? Allah superstar r�pond "Non, mais il faudrait", sans parvenir le faire. Les jeux de mots pr�textes � tout ("C'est pas parce que tu as une vue sur le b�ton que tu as pas un point de vue b�ton") emp�chent le rire, le vrai, celui que l'on trouve, cependant, quelques pages plus loin : "C'est vrai la Bible aussi �a a bien march� � une �poque mais reconnais que maintenant c'est moins � la mode, sauf si tu tombes sur un commando de cur�s qui d�tourne un avion saoudien pour le crasher sur La Mecque tu me passes un coup de fil, mais g�n�ralement les cur�s ils d�tournent que des mineurs". Ce rire-l�, celui qui touche l'Eglise, fonctionne davantage. Normal : l'Eglise, tout le monde s'en fout.
La volont� de caricature, cette mani�re de "forcer le trait" effleure le clich� et �vite, ainsi, l'explosion d'une certaine fougue imparable. Un sentiment moins spectaculaire qu'on ne le pr�sageait. A lire par curiosit�.
Ariel Kenig
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