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Un h�ros de New-York ou comment je me suis donn� au diable
| | Un h�ros de New-York Michel Bulteau La Diff�rence
| Prix éditeur 15.00 euros
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New York 1996. Michel Bulteau erre dans la ville en qu�te du temps perdu. Il part � la recherche de Patrick Geoffrois, cet �crivain qu�il a rencontr� � Paris en juin 1969. Ensemble, ils avaient tourn� Main line (1971) et enregistr� deux albums du groupe Mahogany Brain. Ils faisaient partie de la bande des "po�tes �lectriques", un temps o� l�Am�rique symbolisait encore un r�ve. Souvenirs d�une �poque pas si r�volue que �a, et dont le blason �voquait d�j� violence, drogues et mort. Pour Bulteau d�ailleurs, "il n'y a pas de saintet� de la drogue sans saintet� de la po�sie" (in A New York au milieu des spectres, �d. La Diff�rence, 2000)
Mais qui est Patrick Geoffrois ? Po�te et musicien mort du sida en 1994, Geoffrois reste une personnalit� opaque. Un temps dealer pour rock star, un autre grand mage noir du Lower East side, un dernier assassin, peut-�tre, ou tout du moins commanditaire. En 1989, Daniel Rakowitz, un de ces amis, est arr�t� pour avoir d�coup� en morceaux une gogo danseuse du nom de Monika Beerle. Un peu plus tard, celui-ci est acquitt� et intern� dans un asile. A sa place, Geoffrois est soup�onn� d�avoir commandit� le crime. Pour cet homme connu comme un parano�aque et obs�d� par le d�mon, la relation est vite trouv�e.
Mais pour le comprendre, il faut s�int�resser de plus pr�s � la vie et aux influences de son auteur. En 1976, Michel Bulteau part pour New York o� il y rencontre les �crivains Beat, ces vagabonds qui errent � travers les trains de marchandise, ces enfants de Jack Kerouac, Allen Ginsberg et William Burroughs. La Beat Generation, courant portant haut la fin de tout en vint � signifier "�tre ext�nu� par la vie, �tre foutu."
Ce style, tr�s sombre, se retrouve d�s les d�buts de Bulteau - 7, retomba des nuits (1970), son premier recueil � la po�sie grave, d�sesp�r�e, �touffante. La Beat Generation, violente et tragique guide ses pas. Plus tard, il se liera avec des artistes pop, tel Warhol, dont il tirera La reine du pop (2001), ainsi qu�avec les musiciens punks, aux intentions musicales que l'on sup�onne.
Mais Bulteau, c�est aussi et avant tout un �crivain unique. Avec pour intention d' "a�rer le pr�sent", son dernier roman, Un h�ros de New-York ou comment je me suis donn� au diable puise dans le souvenir de ses amis. Comme s'il les voyait toujours. Pour lui, "la po�sie est une respiration du r�el ou elle n'est rien. Avant d'�tre probl�me technique ou travail sur les mots, elle est travers�e physique du pr�sent. Ici les nerfs comptent" (in Dictionnaire de la Po�sie fran�aise contemporaine, PUF )
Outre ses premi�res influences, Bulteau prend le chemin de la vie des autres, court � l'avant : "Etre moderne est le chemin artistique le plus p�rilleux. Etre moderne, c'est refuser d'�tre inexact, irr�el."
Et c�est avec cette po�sie r�aliste qu�il nous guide dans son New York, � l��poque o� tout semblait plein d�avenir. Cette p�riode qui a vu na�tre des artistes de g�nie, tels Warhol et Basquiat, ainsi que le d�mon grandissant de Patrick Geoffrois. Un h�ros de New York qu�te plus loin que la qu�te. Le myst�re du satanisme s�offre � nous.
Carine Pigny
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