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Le faux-fuyant
| | Le faux-fuyant Kauffmann Alexandre Arl�a
| Prix éditeur 14.00 euros
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Puisqu'il n'y a pas plus belle ville en ce monde, l'histoire commence � Paris. Sur les grands boulevards, Montand a cess� de se balader. Une bagarre �clate. "J'ai lanc� la batte � deux reprises contre son cr�ne. Deux claquements secs, comme ceux qui annoncent une partie gratuite au flipper". Ce pr�-trentenaire en pr�-crise est violent par pr�texte. Des bastons comme il en arrive. "Amalia �tait une habitude. A vingt-sept ans, je n'avais pas le courage de commencer une nouvelle vie. Je tenais � mon confort. Les changements m'indisposaient." Il ne fallait rien de moins que quelques coups pour d�cider le narrateur � partir. Il fuit son crime, il fuit sa compagne. Il fuit, mais fuit-il vraiment ? Qu'est-ce que fuir ?
Pour son premier roman, Alexandre Kauffmann ne r�pond pas vraiment � la question. Entrem�lant deux r�cits (l'un � Paris, l'autre � Maputo), on suit un personnage retenu par une vie banale, install�e (partie parisienne) parall�lement � l'aventure, a priori la vraie (partie africaine). Que ce serait-il pass� si j'�tais rest� l�, parmi les miens ? Le proc�d� narratif n'a rien d'original (on peut le trouver d'ailleurs trop calibr�) mais la fronti�re des deux lieux se rapproche souvent, et l'effet de flou est parfois prenant. "Je veux vomir tout le mal que j'ai fait, mais �a ne sort pas. Je dois payer, je dois purger ma peine." La culpabilit� n'a pas de lieu, et le personnage, sur les routes du Mozambique, exprime plut�t bien l'allure de ses d�mons.
Malheureusement, � Paris, la vie continue. Des livres s'y font, beaucoup sortent, peu d'entre eux se distinguent, et, pendant ce temps, les formules de Kauffmann s'accumulent aux d�pends d'une ex�cution rapide : "le plus clair du temps", "cette ville salie par l'hiver", "l'esprit tranquille". Il serait temps que l'on parte en campagne contre la phrase toute faite. Celles dont on conna�t, d�s le premier mot, d�j� la fin. Le faux-fuyant reste classique dans la forme, et, dans la m�me veine, Kauffmann a la m�taphore facile, parfois risqu�e : "Les Marlboro qu'elle fumait d�s le matin, avant le petit d�jeuner, laissaient sur sa peau un go�t de beurre br�l�." Kauffmann doute-t-il de sa capacit� � �crire ? Faut-il de la m�taphore pour de la m�taphore ? Cela faisant partie des petits d�fauts pardonnables pour un premier roman, il n'y a cependant rien � perdre � la lecture du faux-fuyant. Un peu moins de poncifs (coup d'humilit� d'un occidental immerg� dans le tiers-monde page 148, et recherche � travers une vitre d'une ombre errante page 137), et le tour sera jou�. En Afrique, plus qu'ailleurs, il est vital de croire que le meilleur reste � venir.
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