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La mort d'Act�on
| | La Mort d�Act�on Bernard Dilasser La Diff�rence
| Prix éditeur 12.00 euros
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Mythologique ou religieux ? Capitale question que celle pos�e par ce premier roman, la Mort d�Act�on. Retranch� du reste du monde, Bernard Dilasser pose un cas de conscience terrible : on a beau �tre reclus dans sa cabane au fond du jardin, il est toujours possible de publier un bon premier roman.
La Mort d�Act�on, transposition du mythe �ponyme o� comment une d�esse devient du hasch, un noble chasseur, un leader d�un groupuscule d�extr�me droite et une meute de chiens, son second. Construit sur trois piliers narratifs (dialogue, r�cit et r�flexion), dans des styles tout � fait diff�rents, Dilasser nous livre trois sc�nes. Trois regard sur la l�gende.
Livre premier : garde � vue
� Tandis que diane se baigne dans la fontaine de Gargaphie, Act�on errant d�un pas incertain dans ce bocage qui lui est inconnu, arrive dans l�enceinte sacr�e (�) o� le teint de Diane est expos�e au regard d�un mortel (�) elle lui jette au front cette onde vengeresse �.
Un commissariat, un interrogatoire. Le second d�un minuscule groupuscule n�o-fasciste avoue avoir assassin� avec pr�m�ditation son chef. Se prenant pour l�ap�tre d�un combat qu�il pr�tend religieux, � les adversaires de l�Eglise me retrouveront sur leurs chemins �, (si tant est que la religion soit la manifestation de la haine, du m�pris et de la vengeance), il livre le r�cit de ses actes et leurs mobiles, se r�fugiant derri�re le Livre de l�Apocalypse, qu�il cite comme commandement. � Tu as mis � l��preuve ceux qui usurpent le titre d�ap�tre et les as trouv� menteurs �. Car c�est bien de trahison qu�est accus� le � chef Act�on �.
Durant sa garde � vue, le second raconte cette nuit qui deviendra le mobile d�un meurtre pr�m�dit�. Lors d�une battue de stup�fiants, le groupuscule tombe sur un dealer et comme � l�accoutum�, lui confisque sa barrette de chanvre, mais le � chef Act�on � la garde sur lui et son second le surprend. Le mal est fait. La trahison s�est accomplie devant la tentation du hasch. Il est d�s lors condamn� en attendant l�� onde vengeresse �.
Elle viendra un soir. Alors que devant sa t�l�, le chef Act�on partira en trip fa�on je vole, il surgira et lui portera son coup de glaive vengeur.
Livre deuxi�me : Final trip.
Le r�cit est maintenant celui du chef Act�on. Ses questions sur son combat, son amour pour sa m�re ? Ne deviendrait-il pas seulement humain ?
� De la t�te du prince du prince s��l�ve un bois rameux, ses oreilles se dressent en pointe, tout son corps se couvre d�une peau tachet�e. Il fuit. Il s��tonne dans sa course de sa l�g�ret�, malheureux qu�il est il n�a plus de voix. Il g�mit, et ce fut son langage. Il n�avait conserv� de l�homme que sa raison �.
En voyage chanvresque, il est victime d�hallucinations, de r�v�lations. Act�on, apr�s avoir �t� chang� en cerf, fut d�vor� par ses chiens qui ne le reconnaissairent pas. Ici, le chef Act�on est mortellement poignard� par celui qui fut son disciple, aveugl� par la d�ch�ance. Tragique destin. D�livrance certaine.
Livre troisi�me : le chant dolent de la m�re
C�est � la m�re que revient la derni�re partie de la transposition. Le sort de son fils est alors transfigur� en passion christique. Son fils est mort. Elle a mal, elle pleure. La m�re reste pourtant debout. Stabat Mater. � Debout la m�re douloureuse pr�s de la croix �tait en larmes devant son fils suspendu (�) Qui pourrait sans souffrir comme elle contempler la tendre M�re douloureuse avec son fils �. (NDLR : extrait de Pergolese in Stabat Mater).
La faiblesse du chef Act�on devant le hasch est semblable � celle d�Act�on et de son regard pos� sur Diane. L�image de la contemplation de la beaut� (ou de la curiosit�) au lieu d�une ali�nation, la m�tamorphose d�Act�on se charge alors d�une valeur de transcendance. Du mythe d�Act�on, Dilasser pr�sente une parabole o� il est difficile de ne pas s�incliner devant l�expiation d�un homme, quand bien m�me il est l�auteur et l�instigateur des pires crimes. Cet acte finalement tr�s humain les conduira � leurs pertes. Soumis � l�inexorable tentation, ne sommes nous pas l�Act�on de ses d�chir�s ? Et l��clat de nos �mes est si bien alt�r� qu�elle, qui devrait nous faire vivre, nous tue.
Charles Patin O�Coohoon
NB : les passage en italique sont extraits du livre III des M�tamorphoses d�Ovide, r�cit du mythe d�Act�on.
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