Autoportrait � l�ouvre-bo�te Philippe S�gur Buchet-Chastel

Prix éditeur 14.00 euros

� FUMER TUE �. Voil� la nouvelle base-line en vogue placard�e en masse ces derni�res semaines sur le meilleur support publicitaire du monde : les paquets de cigarettes. Sexuellement parlant, � FUMER REND IMPUISSANT � affirme Marlboro. Certains osent dire que la Bovary de Flaubert rend les organes tout aussi mous. Pauvre vie sexuelle de cette d�licieuse Emma... Puisque l'air du temps nous invite au placardage de bandeaux, pourquoi ce genre d�avertissements sanitaires n'infiltreraient-t-ils pas le monde de l��dition ? � A ne pas lire avant 20 ans � annoncerait ainsi l'Autoportrait � l�ouvre-bo�te de Philippe S�gur.

Shot against your machine

Pourquoi pas avant 20 ans ? Simplement parce que les �mes sensibles pourraient imiter le h�ros voguant au gr� de ses id�es sombres et de son destin morbide. Marc Flanders n�est cependant pas un �conomiseur de balle. Bien qu�elle vienne de l�ombre tel un ange de la mort, en lui fracassant le cr�ne, cette balle le d�livrera. La mal�diction s��vanouira. Aujourd�hui, il a 20 ans. Aujourd�hui, il sait qu�il doit mourir. Il va tirer. � Pas besoin d��tre J�r�my pour deviner le sort qui m�est promis � chantait Brassens. S'il trouve un flingue � sont go�t, il se fera sauter d�un coup. Ce sera la fin de cette soit disant mal�diction familiale qui le prive d�un oncle et parrain de 20 ans, la fin de cette vie en attente de l�heure fatidique du condamn� � mort, la fin de cet autoportrait qu�il �crit pour quand m�me laisser une trace de son passage. La fin du livre. Mourir � 20 ans. � Sa main quitterait la page au milieu d�une phrase, une d�tonation claquerait et c�est la t�te qui reviendrait, heurtant lourdement le bois dans une �claboussure de sang �.
A chaque ligne, chaque instant de son existence, Flanders est percut� par la vie qui l�entoure comme cet ustensile d�capsuleur qui perfore la t�te des conserves. Flanders ne voit rien. R�sign� sur son sort, il suit son destin. Avoir la "d�termination d��tre d�termin�", voil� le guide de sa demi-vie.

Le bon go�t de ne g�ner personne

Apr�s son plut�t r�ussi M�taphysique du chien (salu� par la critique), Philippe S�gur poursuit son bon chemin avec cet Autoportrait � l�ouvre-bo�te tout aussi charmant. La phrase et la richesse du vocabulaire lui permettent tous les possibles. S�gur en joue : les sentiments transpirent et le rire s'�chappe � tout vent. Les derniers moments d'un h�ros morbide ne sont pas si tristes que �a. En attendant son prochain titre, les cimeti�res f�teront � coeur ouvert la Toussaint.


Benjamin Brunette