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Les hommes en g�n�ral me plaisent beaucoup
| | Les hommes en g�n�ral me plaisent beaucoup Véronique Ovaldé Actes Sud
| Prix éditeur 15.00 euros
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Avec Toutes choses scintillant (paru aux �ditions de L'Ampoule en 2002), V�ronique Ovald� explorait les myst�res du p�le. Prises dans la glace, les phrases, bout � bout, jouaient des contrastes entre le froid et la chaleur d'une peau d'ours. Apr�s un succ�s non n�gligeable pour un petit �diteur, la m�me V�ronique publie chez Actes Sud Les hommes en g�n�ral me plaisent beaucoup. Une confirmation ?
Lili soliloque et Lili s'ennuie. Tout juste sortie de prison, Lili trouve Samuel et s'engage dans une vie heureuse. Samuel parle d'un futur, d'un "long terme" auquel Lili n'est pas habitu�e. "J'ai cru m'entendre r�pondre, et combien je te dois ?" Lili ne conna�t pas l'acte gratuit. Pendant qu'il part � v�lo, Lili s'ennuie. Entre les centres commerciaux et les zoos qu'elle affectionne, elle prend le volant. "Je peux passer beaucoup de temps assise dans la voiture en plein soleil � regarder les gens aller et partir, remplir et vider leurs chariots, engueuler leurs gamins et tourner un moment pour trouver une place � l'ombre." Une tasse de th� br�lant dans la main, elle passe le temps � regarder les autres. Parmi les cris d'animaux, elle entend le cri d'un homme. Au d�tour d'un chemin terreux du zoo, elle aper�oit Yo�m.
Jusqu'alors simple monologue d'une femme indolente, le roman hallucine. Dans l'amour, dans Samuel, dans les lieux de balade, Lili revoit Yo�m, celui qu'elle a aim�. Antith�se de son homme (mais quel est "vraiment" le sien ?), Yo�m appara�t sans �tre l� : le pass� bouscule alors l'�vocation l�g�re d'une vie faite de sandales et d'�paules d�nud�es. Ovald� cherche � donner corps � ce fant�me. Le r�cit, malheureusement, y perd en rapidit�. La vie de Lili s'estompe alors que c'est bien l� le meilleur : "Je ne pouvais pas deviner que je finirais sur un lit, tout ensanglant�e, � pourrir le matelas de mes liquides priv�s, � grelotter et mourir presque tout � fait." Elle et Samuel, pour le meilleur. Le bonheur n'int�resse pas, mais chose rare, quasi in�dite, V�ronique Ovald� le rend accessible et tr�pidant. Pourquoi ne pas en �tre rest�e l� ? Pourquoi le bonheur ne reste pas ?
Plus g�n�ralement (le titre ne nous conseille-t-il pas de rester g�n�ral ?), Ovald� parle infiniment bien de l'homme dans sa violence, sa laideur, sa gravit� tout en gardant la pertinence d'�couter leur gentillesse et leur beaut�. Sur une voix qu'on imagine forc�ment belle, forc�ment chaude, forc�ment sexe, V�ronique Ovald� n'oublie n�anmoins pas la femme - c'est bien cette derni�re que les femmes connaissent le mieux, non ? Du dernier Claude Miller au dernier disque d'Alain Chamfort, les Lili s'entrecroisent et parfois se r�sonnent. A lire, donc, Les hommes en g�n�ral me plaisent beaucoup. En g�n�ral, les Lili parlent tr�s bien des rapports humains. Ariel Kenig
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