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� Et leurs yeux se rencontr�rent? �
| | Parce que c'�tait elle Stephen Dixon Balland
| Prix éditeur 16.00 euros
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� Il la rencontre � un d�ner. (...) Il la rencontre en montant les marches du perron d'un immeuble o� a lieu la soir�e. Il la rencontre alors qu'il s'arr�te pour souffler dans l'escalier qui monte l� o� a lieu la soir�e. Il la rencontre dans l'ascenseur de l'immeuble (...) Il la rencontre devant la porte (...) Il la rencontre dans la queue � la table du buffet (...). Il la rencontre � la table du bar o� il l'a suivie pour pouvoir se pr�senter. Au d�part, il ne lui pla�t pas beaucoup. Au d�part, il ne lui trouve pas grand chose. �
D�s les premi�res pages, Stephen Dixon donne le ton. Dans son dernier roman, exploitant avec virtuosit� l'un des topo� chers � la litt�rature ' la rencontre amoureuse ' cet auteur culte outre-atlantique se livre � un v�ritable exercice de style.
Tout y passe : la rencontre, les premi�res impressions, la premi�re conversation, les cent fa�ons d'obtenir le num�ro de t�l�phone, les cinquante mani�res de demander un rendez-vous, les diff�rents sc�narii de cette capitale entrevue etc. H�sitations, maladresses, techniques de s�duction et tentatives d'abordage, Dixon conna�t manifestement son sujet et c'est avec un cynisme non d�pourvu de tendresse qu'il d�cortique le m�canisme des premiers pas. Gagn� par la bonne humeur se d�gageant du livre, on se laisse rapidement prendre au jeu et l'on sourit souvent, un peu g�n� toutefois de se reconna�tre sans cesse dans cet inventaire du comportement amoureux.
Et puis soudain, � la quarante-neuvi�me page, la douce banalit� de cette rencontre se fissure. L'histoire aurait pu �tre celle de n'importe lequel d'entre nous, ce sera l'histoire d'� elle �. Une femme s�duisante, dr�le et intelligente, mais qui est dans un fauteuil roulant. Ce sera l'histoire de � lui � qui n'a jamais �t� confront� � ce probl�me, qui doute, qui ignore comment (r�)agir. Sous la plume d�licate de l'�crivain, l'handicap est d�dramatis�, abord� avec autant de r�alisme que de tendresse. Jamais larmoyant ni mis�rabiliste, Dixon rend compte en toute simplicit� des difficult�s inh�rentes � cette situation. Tenant sur � peine une centaine de pages, Parce que c'�tait elle met en sc�ne une tranche de vie d'une profondeur saisissante. Ajout�e � la finesse du ton, � l'efficacit� nerveuse de l'�criture, la justesse du propos nous s�duit d�finitivement. Ma�a Gabily
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