Courir � trente ans Nicolas Rey Diable Vauvert

Prix éditeur 17.00 euros

Preuve qu�il s�est pass� quelque chose autour de Nicolas Rey. On parle de � Courir � trente ans � son dernier roman rapide-�-jouir, comme du � dernier � Nicolas Rey. Dans le parcours d�un auteur, on commence par �tre � jeune �, puis � prometteur �. Ensuite, quand �a ne marche plus, on n�est plus rien du tout. Quand l�aventure continue, faute de mieux, on n�est plus qu�un � dernier �. Ou bien l�on meurt - et ce jour-l�, on a peut-�tre tout compris.

Mais toujours faute de mieux, Frank, Marc, Louis ou Jean, personnages ,� la trentaine fatigu�e (normal, Nicolas Rey est toujours fatigu�) ne sont pas morts. Parfois, ils le regrettent, mais bon, ils sont trop tendres avec leurs gosses, leurs ex et leurs copains. Plut�t que d�en finir, ils vomissent dans leurs lits. A d�faut de radicalit�, ils se laissent croupir en clinique o� Frank et les autres finissent par se retrouver. � J�ai vu le directeur descendre dehors les mains dans les poches, l�air soucieux malgr� le soleil. Je crois que directeur ne redoute pas l�id�e de mourir. C�est un m�decin. Il sait que les issues se font de plus en plus rares. L�absence de vie, il y pense tout le temps. C�est comme s�il n�y pensait plus �. Voil� : ils n�auront pas �t� bons, au choix, pour la m�decine, les mp3, la vie de couple, les textos ou la paternit�, mais moyens en tout. Trente ans, c�est l��ge moyen. Le tout, c�est de ne pas s�en satisfaire. De ne pas regretter les jeunes filles. De ne pas penser qu�une � culotte avec du violet, du jaune fluo sur le devant, le dessin d�un petit animal sucr� qui n�existe pas vraiment �, �a n�a pas autant de charme que les Daphn� Roulier �d�ailleurs, les rumeurs prouvent que Nicolas Rey ne le croit pas. Mais son erreur est l� : �crire que c�est fini alors que �a ne l�est pas. Ce n�est pas parce qu�un � dernier � Nicolas Rey sort en librairie, que son auteur est un dernier de la classe. La m�thode vaut la peine pour se faire aimer (et �a marchera, bien s�r, �a marchera ), pas pour aimer. Pas pour �crire.

Pourtant, "Courir � trente ans" n�en garde pas moins le charme d�un s�quen�age se rapprochant des chroniques que l�auteur a souvent pratiqu�es (dans Zurban ou l�Officiel). L�abandon de la narration pure soulage des romans tout pour l�histoire, qui asphyxie le march�. Parfois, il ne se passe rien. Le t�l�phone ne sonne pas. L�Interphone non plus. Les adolescentes, l��t� surtout, s�en vont manger des glaces dans le sud-ouest. Il ne se passe rien, et c�est tout aussi beau � dire. Dans la vie de Nicolas, l��t� surtout, tous les gar�ons et le filles de son �ge ne se prom�nent plus dans les rues deux � deux.

Ariel Kenig