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Je pr�f�re la com�die
| | Je pr�f�re la com�die Ariane Gardel L�Olivier
| Prix éditeur 15.00 euros
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L�art donne de la couleur aux choses de la vie, des formes douces aussi, tout en arrondi. Il faut donc en appeler � Cyrano lorsque le d�sir est trop fort et que la jeune fille ne sait plus comment le contr�ler. Il faut se r�f�rer � Lisette lorsque la jalousie commence � poindre, revenir encore et encore aux col�res de Camille pour �viter d�essuyer les siennes.
Les personnages, eux, ne d��oivent jamais. Il sont toujours vrais, irr�m�diablement sinc�res, et surtout, oui surtout, ils ne connaissent pas la m�diocrit�. L�exc�s en tout et pour tout, tel est le lien qui les unit. C�est bien leur caract�re extraordinaire, ce qui les distingue pr�cis�ment des �tres qui les lisent avec avidit�, qui font des h�ros dramatiques les objets de facinations infinies. Malgr� leurs d�boires, malgr� les obstacles terribles qu�ils affrontent, les personnages donnent � leur existence un sens v�ritable, une orientation fondamentale qui jamais ne jouxte avec la banalit�. Leur monde s�en trouve grandi, merveilleusement s�duisant, le contraste avec le quotidien de Anne se donne � voir dans toute sa lumi�re.
Pr�f�rer le merveilleux
Car l��pret� de l�adolescence guette et Anne est une proie de choix. Les �tats d��me et autres questionnements essentiels de la jeune fille sont �num�r�s avec m�thode et syst�matique : l�acn�, les converses, le journal intime, les premi�res amourettes, rien n�est oubli�. Le r�alisme est pr�cis, le rendu des dialogues pr�-pub�res est �minemment v�riste, mais Ariane Gardel n�est pas Fran�oise Dolto et l�on conviendra que le constat litt�raire de ce que nous voyons tous les jours chez les imberbes qui nous entourent ne pr�sente qu�un int�r�t minime. Certes la nostalgie des Cornichons aux chocolats nous tiraille parfois un peu, certaines sc�nes de la Boom peuvent se laisser revoir, mais le livre d�Ariane Gardel para�t en 2004, et nous savons d�j� tout des m�andres de l�adolescence.
Peut-�tre aurait-il alors �t� judicieux d�appliquer dans son roman, ce que l�auteur veut expliquer pour le th��tre. Oui, la litt�rature se doit d�explorer de nouveaux territoires ; oui, le livre a pour fonction principale de nous sortir de la banalit� quotidienne. Pourquoi Ariane Gardel reste-t-elle alors dans ces sentiers battus et rebattus, que plus personne ne se risque � emprunter, du moins le croyions-nous�
On lit pourtant son livre avec facilit�, son �criture sans vague n�est pas f�rocement d�sagr�able. De temps � autre m�me, notre int�r�t s��veille pour quelques mots plus forts, pour quelques phrases d�une puissance �tonnante ; la ponctuation nous �claire : ce ne sont que les citations trop vite �court�es de quelques chef-d��uvres du th��tre fran�ais.
Lou Gr�zillier.
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