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M�moires d�une fripouille
 | | M�moires d�une fripouille George Sanders puf
     | Prix éditeur 21.00 euros
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- Je viens de finir ��M�moires d�une fripouille�� de George Sanders. Tu sais, l�acteur� Il a jou�pour Rossellini, Edwards, Cecil B. de Mille et m�me pour Fritz Lang dans ��la Cinqui�me victime�� en 1956. Toujours le m�me r�le, cent films durant� il le dit lui-m�me�: ��mon enti�re carri�re est fond�e sur le fait que j�incarne un personnage cynique et suave��.
- Et�?
- J�ai beaucoup ri, ce salaud est aimable
- Les acteurs savent se faire aimer, c�est leur m�tier
- Lui, c�est diff�rent. Sa morgue n�est pas de la condescendance, c�est du d�sespoir
- Les acteurs savent aussi jouer le d�sespoir�
- Oui, mais tous ne se suicident pas en laissant la note suivante�:���je m�en vais parce que je m�ennuie, je sens que j�ai v�cu suffisamment longtemps. Je vous abandonne � vos soucis dans cette charmante fosse d�aisance � bon courage��.
- A t�entendre il est mort comme un de ses personnages�! Il n�a jamais jou� ou alors il a jou� jusqu�au bout�?
- C��tait son secret� L�humour est la politesse du d�sespoir, c�est �a�? H� bien George Sanders �tait tr�s poli. Ecoute celle-l�: ��je sors invariablement du Zoo avec la conviction que l�homme est la plus laide de toutes les cr�atures vivantes, � l�exception peut-�tre de la hy�ne et du phacoch�re��.
- Il a du en �puiser des psys�!
- Ouais�: des Jung-iens, des freudiens, des lacaniens et des hypnoth�rapeutes. Il ne s�en est pas trouv� un qui puisse dissoudre son cynisme dans la raison ou l�amour.
- C�est un peu effrayant�
- Attachant, aussi. Paradoxalement, je crois que c�est un des journaux intimes les plus humains que j�ai pu lire. Il ne s�est jamais compromis. Ca change des d�ballages orchestr�s qui nous sont servis � longueur d�antenne.
- Laisse la t�l� o� elle est�: dans la fosse d�aisance� On parle cin�ma, l�! C�est lui qui l�a �crit son bouquin, au moins�?
- Oui, oui�! Je crois qu�il n�aurait pas support� d�l�guer la moindre activit� intellectuelle. Il a des origines aristocratiques. Il a gard� ce qu�il y a de meilleur dans la noblesse.
- L�argenterie�?
- Non, la certitude d��tre n� libre. Sanders aurait �t� � sa place dans n�importe quel palais royal. La vie lui a fait choisir la cour des miracles hollywoodienne. Mais il savait qu�Hollywood n�a que la noblesse qu�elle se d�cerne. Il �tait bien trop intelligent pour se laisser abuser. C�est ce qui l�a tu�, je pense. Trop peu d�illusions�
- C�est le Jean-Pierre Bacri du riche, quoi�!
- Un peu. Sauf que Sanders a l�aisance et le maintien des biens-n�s. On a l�impression qu�il �tait naturellement cultiv�: cette facilit� qu�apporte l��l�gance, tu sais. Il �tait baryton sans effort et il est devenu acteur sur une suggestion de sa secr�taire.
- Sans le talent, ce serait un escroc�!
- Un escroc de style�! Il n�en manque pas d�ailleurs. C�est sec, cisel� et toujours bien tourn�. Le livre est paru en 1960, il �tait temps qu�il sorte. En plus c�est Romain Slocombe qui l�a traduit, j�aime bien Slocombe�
- Slocombe, l�Araki fran�ais�? C�est bien, il aura �pargn� quelques japonaises le temps de la traduction.
- J�esp�re pour nous et Sanders qu�il y a un Dieu pour les cyniques. T�as pas un clope�?
- Tiens�
- Je vais essayer de la fumer comme lui sur la pochette du livre � Attends. Voil�! De quoi j�ai l�air�?
- D�un con. Viens, y a une s�ance de ��la Cinqui�me victime�� � l�Action Ecoles, on va se confronter au mythe.
Laurent Simon
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