Malavita Tonino Benacquista Gallimard

Prix éditeur 19.00 euros

Et si il devait nous quitter...
Mort d'un �crivain de romans noirs comme la vie, un sombre dimanche de juillet. J'aimais cet �crivain, je dois pondre un article sur son dernier roman: Malavita, litt�ralement la mauvaise vie. Ca commence bien! Une n�cro � remplir, un livre plein de placards � vider et de linge sale � laver en famille. Et tout �a c'est qu'un d�but, �a promet j'vous jure!C'est s�r l'�t� sera noir.

A noter : l'article suivant n'est que pure fiction. Toute ressemblance avec la r�alit� et son avenir est fortuite. La r�daction d�gage toutes responsabilit� sur la vie de l'auteur.

Voici donc le dernier ouvrage, le tout dernier h�las, puisque son auteur Tonino Benacquista nous a brutalement quitt�s. Cette brutalit�, celle de la vie elle-m�me, se retrouvait dans nombre de ses premiers polars. Pourtant, derri�re la noirceur de l'�criture se cachait une v�ritable ironie que Benacquista nous r�v�lait d�j� dans son premier roman canular: �pingl� comme une pin-up dans un placard de G.I. Ironie dont il ne s'est pas d�parti depuis, r�v�lant au passage toute l'ampleur de son talent.

Benacquista et moi

J'ai d�couvert cet auteur dans les ann�es quatre-vingt dix gr�ce � mon oncle, grand amateur de polar devant l'�ternel et poss�dant un go�t tr�s s�r pour les bons auteurs( gloire � lui!), l'alcool et les cigares. J'ai donc d�but� avec la lecture de la maldonne des sleepings, o� apparaissait pour la premi�re fois le personnage d'Antoine. Je m'inspirais fortement de ce personnage de dandy dr�le, brillant et un brin parasite pour fr�quenter le monde et me faire aimer des femmes.
Comme moi, Benacquista s'est lui aussi attach� � ce personnage. D'ailleurs, j'eus par trois fois le plaisir de retrouver mon cher Antoine dans l'oeuvre de Benacquista (Les morsures de l'aube. Trois carr�s rouges sur fond noir. La commedia des rat�s). Du second roman dans cette t�tralogie d'Antoine, le cit� de Caunes a su tirer un bon film de genre m�lant adroitement le th�me de l'enqu�te polici�re avec le mythe du vampire. Signalons en cette p�riode estivale propice � la lecture ainsi qu'� tous les amateurs de polars que ces quatre romans sont disponibles en un seul et m�me volume dans la collection Folio Noir (bonne lecture � vous bandes de petits veinards qui auront la joie de les d�couvrir ou le plaisir de les red�couvrir!).
Apr�s un petit d�tour par la case cin�ma, Benacquista fut co-sc�nariste de Sur mes l�vres de Jacques Audiard, il revint � l'�criture. Mais l'homme avait �volu�, ses th�mes �galement.

Chienne de vie

Benacquista se fait alors plus profond, et celui qui hier encore d�clarait ne pas vouloir: " noircir la noirceur" commence, avec Saga et Quelqu'un d'autre, � s'int�resser au conflit de l'individu avec lui-m�me. Mention sp�ciale ici � Saga que j'ai particuli�rement appr�ci� et dont je m'�tonne encore � ce jour de ne pas voir poindre une adaptation sur une cha�ne fran�aise. Il est vrai que la t�l�vision fran�aise est � l'image du cin�ma c'est-�-dire frileuse, nombriliste et sans imagination. Benacquista est l'exemple m�me de ce talent mal utilis� voire g�ch�.
Son dernier livre: Malavita est d'ailleurs la toute derni�re manifestation de ce talent puisque l'auteur a aujourd'hui tristement disparu de la sc�ne litt�raire. Il renferme tout ce que j'appr�ciais le plus chez Benacquista.
D'abord, cette �criture franche d'homme qui a v�cu et exerc� divers m�tiers apr�s avoir arr�t� ses �tudes, puis ce style vif caract�ristique des bons auteurs de polars et enfin ce regard ironique sur les hommes et sur le monde qui conf�re un certain recul et permet de donner sa juste valeur � toute chose.
Dans Malavita, j'ai pu retrouver tout cela et plus encore.
Malavita c'est aussi un sens aigu des personnages auquel, comme l'auteur je pr�sume, je me suis attach� rapidement et une impression diffuse de violence sourde, pr�te � vous p�ter � la gueule, qui cr�e une vraie tension et vous oblige � continuer jusqu'� l'explosion finale. C'est tout �a Malavita, et c'est plus que cela. Malavita, c'est un chien, c'est une expression, des secrets et des mensonges. Malavita c'est les Sopranos qui d�barquent en Normandie.
C'est surtout le dernier livre d'un auteur dont j'aurais voulu suivre encore le chemin, m�me si son chemin de Pr�dilection est celui du crime et de l'�me humaine, j'aurais pu suivre ce guide jusqu'en enfer.

Une soir�e en hommage � l'auteur sera programm�e sur France 2 dans les jours qui viennent avec la projection des Morsures de l'aube suivi d'un documentaire intitul� le "p�le art et Benacquista"

Christophe Galod�.