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Well
| | Well Matthew Mac Intosh Seuil
| Prix éditeur 19.00 euros
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Les USA sont un pays de contraste, entre Nazareth et Babylone, vierge et putain, glaive et goupillon. Alors Matthew Mc Intosh pr�che, pour le salut des �mes. " L'un de vous souffre-t-il ? Qu'il prie. Ep�tre de Saint Jacques, ap�tre 5 :13-15 ". Au centre de cet Armageddon : le Trolley, rade comme il en existe mille. Sorte de bonde de cet �vier g�ant qu'est " Well ". Tout s'y rassemble et s'y d�verse : l'arch�type d'une soci�t� enti�re, baign�e de peurs et de r�ves infraliminaux, � force de dormir debout. A son comptoir se pressent camionneurs, nettoyeurs, danseuses sur le retour, clochards... Tous les avatars modernes de la servitude ancienne. O� sont les cadres, les riches les biens portants, les tenants de l' " american dream " ? Vous n'en trouverez pas trace ici, l'Antechrist pointe au ch�mage et la f�licit� se consomme en intraveineuse.
La mort fine
Matthew Mac Intosh se fend d'un r�cit �clat� et parcellaire. Le lecteur a l'omniscience d'un dieu comateux et abandonnique. Ses ouailles se shootent, se battent, s'�poumonent et se d�chirent. En toute humanit�, avec la violence et l'apathie des maudits. Chantre de la douleur de vivre, l'auteur nous dit, par la voix d'un de ses personnages atteint d'un mal incurable : " c'est simplement la douleur et la douleur est simple et vraie et v�ritable et belle et implacable et aussi vitale que le sixi�me sens ", puis plus loin " la douleur de vivre, parce qu'on a mal tout le temps, sans le savoir. On a mal tout le temps mais on ne le sait pas parce qu'on a des endorphines qui se d�clenchent constamment en nous, bloquant la douleur. Sans les endorphines, on serait tous junkies... ". La vie serait un long soin palliatif. Stup�fiant.
Twilight zone
Il est toujours �tonnant de constater � quel point une soci�t� aussi positiviste et rationnelle que la soci�t� am�ricaine peut engendrer d'invertis et de d�viants. Sur ses c�tes et dans ses reins elle abrite la pourriture et la rutilance. Glitter et white-trash. Les paillettes sur une couche de crasse, pour sauver les apparences. La v�rit� est souvent � l'entresol de la r�alit� : Mac Intosh puise son inspiration aux m�mes caniveaux engorg�s que Hubert Selby Jr, qui reconna�t d'ailleurs en lui un de ses disciples. Il �vite par chance l'�cueil du manich�isme ou du tout-psychotique cher � la majorit� de cette litt�rature interlope. Et y gagne une certaine normalit� : l'humanit� de certains cr�dibilise la folie des autres. Entre roman et documentaire, la limite est t�nue. Au royaume des fissures, les f�l�s sont rois.
Laurent Simon
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