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Les couleurs de Gupta
| | La couleur du p�ch� Sunetra Gupta Laffont
| Prix éditeur 19.67 euros
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Am�thyste, Indigo, Azur, Jade, Safran, Ocre. Tels sont les d�nominations des six chapitres qui balancent le lecteur entre Calcutta et Oxford, qui le bousculent entre le pr�sent et le pass�, et qui l'acculent dans un tourbillon d'�v�nements crachant quelque chose d'indicible, cachant quelque chose de permanent entre la vie et la mort : La couleur du p�ch� est peut �tre tout simplement une histoire de go�t.
Debendranath Roy est le c�ur de ce livre. Cet homme, �lev� selon les principes rigoristes d'une caste noble de Calcutta, part s'installer � Oxford, quitte racines, parents, coutumes et finalement la vie par d�pit (amoureux, il va sans dire) et d�go�t de l'amertume : car cet homme aime la femme de son fr�re, fruit interdit, p�ch� condamn�. De sa fuite en Angleterre na�tra la rencontre g�n�ratrice d'un amour factice, donc forc�ment malheureux. Cet homme en d�testera l'existence, poussant sa coh�rence et son amour pour la puret�, pour son pass� parfait, jusqu'aux limites de l'intangible, jusqu'� s'extraire de lui-m�me. Cet homme va feindre la mort pour faire vivre son amour. Il dispara�tra un jour brumeux sur les rives verdoyantes de la rivi�re Cherwell, laissant planer son myst�re au dessus du brouillard des sentiments humains. La police le d�clarera noy�. Le doute subsistera, laissant au fil du temps un arri�re go�t de rance et d'inachev� dans les c�urs fid�les et proches de Debendranath Roy.
Pr�s de vingt ans apr�s le drame, sa ni�ce, �crivain, quitte Calcutta pour �lucider ce myst�re, et recoller les fragments d'une vie pass�e, les �lucubrations du d�funt. La trag�die se poursuit, le drame s'enchev�tre, les fant�mes r�apparaissent, les bonheurs se d�chirent et se reconstruisent. La temps poursuit son �uvre t�l�ologique. Un rien reste � l'esprit : les go�ts et les couleurs.
Ceux l� m�me que l'on ne discute pas. Il est alors tr�s difficile d'apposer un qualificatif � ce livre. Peut-�tre devra-t-on oser le qualificatif " beau " et dire de La couleur du p�ch� que c'est un " beau livre ". Ou peut �tre la subtilit� de certains passages, et la lumi�re que d�gage le style de l'auteur (notamment dans le chapitre Am�thyste), la finesse des images, et le doigt� po�tique qui anime les choses, les personnages et l'auteur lui-m�me supporteront aussi l'identification folklorique du terme " savoureux ", � forte connotation " indienne ". Ce qui nous donnerait " un beau et savoureux livre � forte connotation indienne ".
Le plus simple �tant d'oublier toute intellectualisation de la lecture de La couleur du p�ch� pour en retirer une quintessence aussi simple que les couleurs primaires, aussi �vocatrice que les cicatrices de l'enfance, aussi enrichissante qu'une rencontre humaine, aussi �mouvante qu'une musique sacr�e, et l�ch�e qu'une peinture c�leste : mais finalement La couleur du p�ch� est un livre � dimension humaine, donc digne. J. B. V.
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