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New-York rage et autres r�cits
| | New-York rage et autres r�cits Bruce Benderson Rivages poche
| Prix éditeur 6.00 euros
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La pluralit� de l'horreur. La d�fonce obsessionnelle, l'homosexualit� et la prostitution culpabilisantes, l'adoption progressive de la violence extr�me : New-York rage, sombre tableau d'une �poque qui s'y pr�te.
Les romans et autres bottes secr�tes �ditoriales du moment ne semblent pouvoir traiter que ce sujet : le noir. Bruce Benderson parle de sa ville avec d�go�t et terreur froide. Il dresse le constat de ce qui pourrait �tre un enfer terrestre.
Pourtant l'horreur s'apparente dans plusieurs de ses textes � une certaine fascination. Fascination pour ces corps intoxiqu�s qui survivent � peine, pour ces vies d�brid�es, sans limites. Et c'est par la diversit� qu'offre le recueil de nouvelles que Benderson leur rend hommage... D'un texte � l'autre, il sait faire varier son style et rompre le rythme pour que chaque texte soit le t�moignage d'une identit�. Dans cette ville de New-York qui � elle seule forme un monde, les destins ne se ressemblent pas et sont autant de teintes diff�rentes offertes au d�sespoir.
Vice de forme
La lecture est donc forc�ment naus�euse, f�brile. On supporte la description de l'horreur dans l'attente excit�e d'une chute vertigineuse. Et rien ne vient. L'�criture de Bruce Benderson n'est peut-�tre pas faite pour les formes br�ves. Sa prose a besoin d'ampleur, de temps pour se mettre en branle. Les premiers textes de son recueil, variant de quinze � vingt pages, sont fins, tr�s dr�les, et passent par une �tude pos�e des personnages et des situations. Mais ensuite, Benderson tente de marquer l'angoisse dans son recueil ; il acc�l�re le rythme et esquisse bri�vement quelques situations o� l'atrocit� reste. En trois ou quatre pages, ses r�cits font l'effet d'un amoncellement de glauque que la fin de chaque nouvelle enfonce encore dans l'obscurit� st�rile. Car on reste constern� devant ces croquis du d�sespoir. Oui, c'est horrible, mais et alors ? Que faut-il en penser sinon ce que l'auteur nous en dit ? L'�cho qui suit certaines nouvelles g�niales de la litt�rature am�ricaine ne se fait pas entendre ici. Apr�s la chute de l'histoire, il n'y a rien ; le sombre tableau condamne au silence.
Alors oui, certes, l'�coeurement nous gagne, la col�re aussi, cette rage que portent en eux chacune des figures du livre. Si c'�tait l� le principal objet de Benderson, le pari est remport�. Mais sans doute la litt�rature peut-elle se donner d'autres ambitions que le carcan noir dans lequel elle s'enferre actuellement. Le sursaut de l'�criture que Benderson adopte dans le premier quart du livre est ensuite attendu � chaque page. On reste donc d��u par son oeuvre ou simplement �tonn� du choix formel de la nouvelle, qui somme toute, ne lui sied pas.
Lou Grezillier
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