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Le Calligraphe de Voltaire
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     | Prix éditeur 16.00 euros
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L'�poque et le personnage de Voltaire sont les ferments d'une bonne p�te... Sorti du four, voil� un pain dont le fumet rappelle un assortiment du Parfum, A l'Enseigne de l'Amiti�, ou du Nom de la Rose. Dans un livre sans pr�tention Pablo Santis livre un roman bien con�u et fort agr�able.
Le jeune Dalessius, en d�licatesse avec la justice, n'est pas au bout de ses peines.
" Une fois lib�r�, j'allai voir mon oncle. J'esp�rais dormir nuit et jour dans un v�ritable lit, sans la puanteur du cachot, les cris et les rats. Mais mon oncle avait d�j� pr�par� mon bagage et la froide �treinte avec laquelle il me re�ut ne c�l�brait pas mon retour mais mon cong�.
- J'ai offert tes services pendant que tu �tais en prison. J'ai envoy� � de vieilles connaissances une feuille o� j'ai not� la courte liste de tes vertus et une autre avec la longue liste de tes erreurs, pour ne point passer pour un menteur.
- Avez-vous re�u une r�ponse ?
- Une seule, du ch�teau de Ferney. On y confond et y lit tout � l'envers ; ils ont pris tes vices pour des vertus et t'ont pour cela aussit�t accept� (p.17) ".
Voltaire et le jeune Calligraphe
Le ton est donn�, sobre et sans fioritures, la traduction rend un peu du vocabulaire et du ton en vigueur et de rigueur en ce milieu de XVIIIe si�cle
Naturellement, notre jeune calligraphe n'ignore rien de son auguste employeur, et sa t�che ne manque pas de susciter en lui l'appr�hension de d�toner du style de Voltaire
Des �v�nements cocasses font que Dalessius se voit aussit�t charg� de nouvelles pr�rogatives, l'occasion de s'immiscer aussi vite dans les m�andres et dangers de son emploi : " Voltaire ayant beaucoup d'ennemis, ouvrir le courrier �tait fort dangereux. On lui envoyait des aiguilles empoisonn�es dissimul�es entre les pages, des lettres avec des ampoules exhalant des vapeurs v�n�neuses, des araign�es tueuses". Avec quelques surprises moins terrifiantes : " je m'�tonnais qu'il y e�t des femmes amoureuses �crivant � Voltaire avec leur propre sang (p.25) ".
Loin du Ch�teau de Ferney
Simplement, Voltaire a d'autres t�ches pour sa jeune recrue, dont il fait un excellent espion totalement inconnu de ses adversaires. Dalessius, qui prenait go�t � la vie de ch�telain et qui ne go�te gu�re � la perspective de l'espionnage, s'exclame :
" - Je pensais demeurer ici, � �crire pour vous, � �crire pour l'histoire, et non � voyager en compagnie des morts.
- Si votre route est celle de l'histoire, il est naturel que les morts vous accompagnent (p.28) ".
De fait, le reste du roman se passe � loin de Ferney et loin de Voltaire, qui dispara�t plus ou moins de l'intrigue. En revanche, on retrouve les descriptions de villes ( Toulouse, Paris ), l'ambiance sombre des monast�res, les pol�miques entre encyclop�distes et dominicains, lesquels n'h�sitent pas � plonger leurs mains dans le sang...
L'�criture est de qualit� et la trame sem�e de descriptions, fantaisistes parfois, des encres et couleurs rappelle certains passages du Parfum de S�skind. On pourra regretter toutefois que Voltaire et ses piques ne soient pas plus fr�quents, ni que les �l�ments de sa vie riche et mouvement�e n'aient pas �t� davantage exploit�es. Ce en quoi l'amateur de romans historiques ne trouvera pas ici un grand classique, mais un roman plus modeste, quoique de quelque m�rite litt�raire.
Philipe CESSE
� 2004 ArtsLivres
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