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Angelus in literatura
| | Diabolus in musica Yann Apperry Grasset
| Prix éditeur 18.90 euros
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Ang�lus in litteratura
Toute la fr�n�sie et la schizophr�nie que la musique suscite port�es en basse au c�ur de ce roman sonore et perdu.
Moe Insanguine na�t sous le signe des requiem : une m�re et un a�eul morts lors de sa venue au monde, une brute alcoolique pour p�re, des professeurs tyranniques, un premier amour invers� ; telle est l'ouverture en fanfare du prodige. Solitaire en qu�te de p�re, qui cherche ses mains sur les touches blanches des pianos sans les trouver ailleurs que sur les noires. Qui sombre dans une violence aigu� faute d'avoir pu exorciser un pass� inextricable, faute de savoir retranscrire les tempos qui assaillent ses nuits.
Une histoire trop bien accord�e : son protagoniste chute. D'un toit, dans des mains qui le frappent, dans ces m�tronomes qui le p�trissent pour que Moe accouche enfin de la ballade ad vitam aeternam, son miroir. Une existence d�finie par la chute critique des sons, d�termin�e par les partitions de jazz, dans l'ignorance la plus totale des moderato.
Apperry signe ici son 3e roman, en lice pour le M�dicis. On lui souhaite de le remporter ; sa composition, diablement inspir�e, m�rite r�compense pour ces dissonances qui nous offrent une ballade rythm�e et jamais r�p�titive dans un univers inhabituel. On y entre par l'oreille exacerb�e de Moe, on y gravite au gr� de ses angoisses, et on en sort par l'autre pavillon : jamais on ne parvient � se fondre totalement dans ses variations, parfois herm�tiques, passant du l�ger au grave apr�s une pause, un paragraphe. Mais la distance, tragique ou simplement narrative, de ce texte parfois imperm�able, m�l�e � la proximit� intense dans laquelle il nous englobe, sont les preuves du talent de chef d'orchestre de son auteur.
Des mots justes, modul�s � partir d'instruments parfaitement ma�tris�s : pour nous piquer (ces d�buts burlesques qui nouent la complicit� des personnages), nous intriguer (cette fin inattendue), et nous toucher (cet ensemble �voluant entre solitude et rapport � l'autre). A �couter.
J. L. N.
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