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Juste avant la fronti�re
| | Juste avant la fronti�re Julien Buissoux L'Olivier
| Prix éditeur 16.00 euros
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24 heures avant l�inconnu. Samuel Eliott, jeune expatri� fran�ais va quitter le pays o� il travaille depuis 4 ans. On lit le r�cit simple de ce d�part avec indulgence, presque avec nonchalance, et pourtant, quelque chose se passe.
Cela pourrait �tre Prague, Budapest ou Vienne. On ne le saura pas. Mais tout ce que nous raconte Samuel de cette ville inconnue nous �voque sans doute possible ces villes de l�est semblant fig�es dans la grandeur d�un pass� lointain, presque mortes au milieu d�une agitation moderne qui ne les concerne plus.
Les heures qui pr�c�dent le retour en France sont autant d�occasions d�exhumer le pass�, comme un �tat des lieux symbolique, pendant de celui bien r�el que dresse Samuel avec le propri�taire de son d�sormais ancien appartement. Rien n�a chang�. Et c�est bien l� tout le n�ud de cette histoire qui n�en n�est pas une. Simple moment d�une vie, s�assumant comme tel.
Le troisi�me roman de Julien Buissoux, apr�s, notamment, La Chute du sac en plastique pas pass�e inaper�ue, met en exergue le fil t�nu et confus de la m�moire en ces instants toujours particuliers du d�part. Qui n�a pas, au moment de quitter un lieu, repens� avec nostalgie aux souvenirs qui y sont attach�s, ces r�miniscences qu�on sublime parce qu�on sait qu�on ne les retrouvera pas ?
Vraie force du r�cit, Buissoux n�enjolive pas, il raconte, diss�que, presque anesth�si�. Devant un futur dont il ignore tout, il pr�f�re s�attaquer au pr�sent, � ce sentiment si particulier d��tre entre deux mondes, n�appartenant plus � l�ancien, d�j� parti, et pas au nouveau, pas encore arriv�. V�ritable voyageur en transit, son Samuel commet ses derniers actes manqu�s, se rappelle avec tendresse les amours rat�es de ces derni�res ann�es, les exp�riences qu�il a eues, les gestes qu�il n�a pas fait. Pas de regrets. � La seule chose vraiment importante que j�ai appris en quatre ans, c�est ce qu�un type nous a dit un jour pendant un discours. (�) en r�sum� il avait dit que, dans la vie, les probl�mes venaient du fait qu�on avait peur. Et du m�pris aussi. Je ne sais plus exactement �. Nous non plus, mais on devine. Un peu.
Alors bien s�r, au cours de cette �vocation, les ombres amoureuses font une � une leur apparition, Judith, Katia, Niko, parce que, soyons francs, l�existence c�est d�abord cela, ce patchwork de ce qu�on aurait pu �tre, de ce qu�on n�a pas os�, de ce qu�on ne peut plus. Avec quelqu�un. Ailleurs, peut-�tre� Buissoux sait particuli�rement faire ressortir ces petites f�lures qui font l�essentiel de la m�moire et il le fait sans pathos. Puisqu�au fond, rien n�est grave.
Une heure et demie de lecture plus tard, on n�a pas l�impression que le monde ait chang�. On a simplement trouv� un fr�re d�arme. Un sentiment qu�on aime bien. Ma�a Gabily
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