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Qu'arrivera-t-il au Bois sec ?
| | Qu'arrivera-t-il au Bois sec ? Breece D'J PANCAKE Chambon / Le Rouergue
| Prix éditeur 16.00 euros
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Un vrai m�t�ore : une vie br�ve ( 1953-1976 ), douze nouvelles lumineuses pour toute production, comme seules p�pites de la m�t�orite tomb�e loin des feux de la rampe, une griffe reconnaissable, gr�ce aussi � l'admirable traduction de V�ronique B�ghain.
Disons-le d'embl�e, ce n'est pas une litt�rature fine et subtile : l'auteur n'a pas encore 25 ans, et il �crit naturellement dans le langage de jeunes, et qui plus est, celui d'une jeunesse d�sh�rit�e : argot, vulgarit�, apostrophes, etc. Mais le ton est juste, et correspond aux mondes et aux humeurs des personnages d�peints. Mieux, le texte n'est pas d�pourvu de subtilit�s qu'on lit entre les �changes, ni de po�sie � en juger par la quantit� de r�f�rences au monde de la nature et de la chasse...
Les jeunes et moins jeunes sont ceux de l'Am�rique profonde, certains survivent par les petits boulots ( station service ), d'autres jouent au billard, et tous savent qu'en ville certains vivent mieux et jouissent de toutes les am�nit�s de l'American way of life. Les moins fortun�s r�vent de croiser en voiture dans l'empire de l'automobile que sont les Etats-Unis d'alors : dans ces ann�es 1970, la richesse des uns semble plus insolente encore que le pays affiche une prosp�rit� in�gal�e ailleurs... Ceux qui ont r�ussi tirent les leurs vers le bas : " un truc qui m'a fait plaisir � entendre, c'est que New York n'a fait qu'une bouch�e de Chester, parce qu'il p�tait plus haut que son cul [...] Je ne sais pas ce qui s'est pass� � New York, mais j'ai ma petite id�e sur ce qu'il a fait ici. Il �tait d�cid� � d�molir les r�ves des autres et faire en sorte que son r�ve soit celui de tout le monde ".
Mais on n'y pense pas davantage : les personnages sont plus pr�occup�s par le moyen de s'en sortir ou d'assouvir leur d�sir de vengeance, le tout entre les altercations et les homicides, et l'alcool qui fait des ravages. Chaque nouvelle brosse le portrait d'une vie moyenne, c'est � dire plus basse que celle de la bourgeoisie moyenne am�ricaine, avec ses hauts et ses bas. Mais aucune ne verse dans le graveleux ni dans les descriptions de bas-fonds : il y a des pans entiers de la soci�t�, ignor�s, qui pataugent entre les couches bien d�finies. La preuve, malgr� les d�sillusions, tous ont une vie normale, c'est � dire dans la normalit� des petites gens, m�me quand il y a de la violence.
Le style est pr�cis, m�me s'il est familier, et la traduction rend l'atmosph�re autant que le vocabulaire leste parfois et plus courant de l'am�ricain. Chaque nouvelle a son ambiance et une logique propre, et s'il fallait en retenir, citons Une Chambre � Vie, Mon Salut � moi, Au fond, et C'est comme �a, � la chute particuli�rement frappante.
Philipe CESSE
d'apr�s � 2004 ArtsLivres
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