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Lignes
 | | Lignes Murakami Ry� Philippe Picquier
     | Prix éditeur 17.38 euros
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De nouveau, l'auteur japonais � succ�s, Murakami Ry�, nous offre une vision extr�mement noire du Japon d'aujourd'hui, de ses jeunesses sans avenir. Apr�s Bleu presque transparent , qui relatait la vie sans but de jeunes drogu�s, et Les B�b�s de la Consigne Automatique , retra�ant le parcours auto destructeur de deux orphelins, Lignes offre un autre point de vue sur la soci�t� japonaise.
Le roman se d�roule pendant une nuit � Tokyo : le drame de vingt personnages qui se croisent, par hasard. Chaque chapitre est l'occasion de raconter l'existence, le d�sespoir ou la folie de chacun. Les r�cits sont noirs comme la nuit sur la ville. Une sorte de fatalit� p�se sur tous les personnages, prisonniers de leurs destins : une fois qu'ils se sont exprim�s, ils sont renvoy�s � leur solitude, ce n�ant qui se referme sur eux avec le silence de la page blanche qui cl�t les chapitres les uns apr�s les autres.
L'intensit� du d�sespoir varie selon chacun. Leur seul point commun : ne pas pouvoir supporter la solitude impos�e par la soci�t�. Pour survivre, il n'y a que la violence, la destruction ou l'autodestruction, qui permettent encore de se donner le sentiment d'�tre. Le lecteur quant � lui, est agress� par ces explosions de haine et de violences le plus souvent gratuites ; il a beau demander un temps de r�pit, cela continue, et il ne peut en �tre autrement : c'est dans la nature de l'homme d'exister par la violence.
Seule Y�ko, que l'on croit d�mente parce qu'elle comprend les signaux �mis qui circulent dans les c�bles �lectriques, semble �trang�re, presque � part, au milieu de toute cette haine. Elle vit avec ses propres vertiges, en esclave de sa sexualit� ...mais elle survit, avec cette r�alit� qui s'impose � elle : "Pour moi, les autres n'existent pas". Ainsi va le monde de Murakami Ry�.
Constance de Ayala
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