|
|
La maison fant�me
 | | La maison fant�me Michael Kr�ger Le Seuil
     | Prix éditeur 21.00 euros
|
Si vous croyez que l�Allemagne n��tait encore que le pays du romantisme tellurique et de la saucisse moutarde, d�trompez-vous. Les Allemands ont aussi de l�humour. Le � nonsense � de Michael Kr�ger est � ce point juste qu�il vient concurrencer les Anglais sur leurs propres landes. A la fois badin et distanci�, un rien surr�aliste, le r�cit de Kr�ger a un petit go�t d�Irving, le cul et les ours en moins. Avec une certaine finesse psychologique en plus, pour ne rien g�cher. Le narrateur de La maison fant�me est un journaliste raisonnable et r�sign� -en fin de carri�re, donc- pourvoyeur de signes pour � une des feuilles les plus importantes d�Allemagne du Sud �, pr�cise-t-il en incipit.
C�est que l�homme soupire ailleurs : il se passionne pour l�histoire des guaranis et des j�suites en Am�rique du Sud - la comparaison avec le drolatique Irving n�est pas abusive. Envoy� � Hambourg pour couvrir un s�minaire sur les biblioth�caires allemands, il va y rencontrer ce qui ressemble fort � son destin. Ou plut�t son � fatum �. Et qui, faute de mieux pour quelqu�un de raisonnable, va prendre la forme d�un ballon de foot, maladroitement lanc� par un garnement. Aller simple sur sa chemise et dans la vie de famille du lardon. D�oblig�, le journaliste devient confident, t�moin puis acteur du microdrame psychologique qui se noue devant lui.
"Muss es sein? es muss sein"
Michael Kr�ger injecte alors de la perversit� fort go�teuse dans les rapports sociaux de ses personnages et rel�ve ce qui aurait pu devenir un aimable vaudeville. De ce point de vue, le roman bascule petit � petit dans un clair-obscur plomb� par les absences de la m�re � une de ces blondes �maci�es comme il y en avait des centaines [en Allemagne]. Elles ont du �tre produites par un bouleversement social tr�s particulier, un �branlement de la civilisation �, les silences du fils Marcel � esp�rons qu�on lui a donn� ce nom-l� par hasard � et les manigances du grand-p�re, ex-nazi paralys�.
Ce qui se fait de mieux en Allemagne pour incarner le machiav�lisme sans �me. Le vieillard � �ber alles � s�arrangera pour grimer les effets de sa volont� en autant de co�ncidences pour le journaliste perdu et la blonde �perdue. Implacables m�canismes. Laurent Simon
| | |