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Franchise postale
| | A ma s�ur du bout du monde Fanny Carel Mercure de France
| Prix éditeur 15.00 euros
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Une com�dienne re�oit la lettre d�une demi-s�ur oubli�e.
Une vieille ranc�ur nourrit sa r�ponse � ce billet venu des
antipodes.
D�couvrir, dans votre bo�te aux lettres, une enveloppe portant
votre adresse manuscrite est une �motion toujours particuli�re.
Elle d�tonne parmi les derni�res sommations et autres
injonctions de payer. Pour peu qu�elle affiche un timbre-poste
exotique, vous marquez un temps, avant de la d�cacheter, vous
laissez perdurer le myst�re et r�vez deux secondes. Seulement,
voil�..
Ce sont des choses qui arrivent. Une femme quitte son mari et
le domicile conjugal, emportant leur petite fille. Bien que meurtri,
l�homme �pouse une autre femme qui lui donnera elle aussi
une fille. Les ann�es passent.
Une com�dienne re�oit un jour une lettre post�e aux confins de
la terre par une s�ur a�n�e �merg�e d�un lointain souvenir. Le
cachet de la poste ne faisant pas foi, la jeune femme estime �
quarante ann�es le temps de trajet du pli et entreprend d�y
r�pondre avec une froideur qui, d�s les premi�res lignes, invite
sa correspondante � ne pas esp�rer des retrouvailles. Elle
s��tonne � par la pr�sente � que cette parente la tutoie mais ne
s��merveille pas qu�elle vive en Australie et oppose une fin de
non-recevoir � cette � pauvre s�ur [qu�elle] ne connai[t] pas
et ne veu[t] pas conna�tre �. Sans pour autant rechigner �
raconter une enfance mal v�cue entre les saisies d�huissiers et
les proc�s intent�s par l�ex-�pouse ; une vie forc�e de se
contenter du minimum, trop t�t endeuill�e par la perte du p�re,
accus� des pires vices. La com�dienne se fait l�avocate
passionn�e de � papa � et accable la divorc�e. Le volume
devient une ode au mythomane, chercheur de tr�sors
imaginaires, un peu marin p�cheur, qui cessera de fumer en
m�me temps qu�il cessera de vivre, et qu�elle entend, apr�s tout,
ne pas partager. Leurs visions dissym�triques de l�homme,
brutal dans le souvenir de l�une, ador� dans celui de l�autre,
interdit a priori aux deux femmes de se rapprocher mais
pourquoi tant de haine ? C�est la question.
Hormis � papa � et � maman �, tous les personnages crois�s
dans ces pages sont d�sign�s par des initiales, sauf Gaspard,
funeste gar�on rencontr� au d�tour d�un tournage. Il faut
d�m�ler l��cheveau, pour trouver la r�ponse, et ne pas s�y
perdre quand la destinataire de
cette � interminable lettre � ouverte est la demi-soeur mais
aussi parfois le p�re tant aim� voire la m�re �plor�e de la
signataire ; ou quand cette destinataire n�est pas celle-l� m�me
qui tient la plume. Nous sommes ce que nous faisons de ce
que l�on a fait de nous, semble vouloir nous dire Fanny Carel,
com�dienne comme son �pistoli�re. Ce premier roman tient la
distance par la violence du ton qui va crescendo.
Post-scriptum : Et certes, parfois la douloureuse de France
Telecom ou d�EDF peut s�av�rer moins cuisante qu�une jolie
lettre affranchie d�un timbre qui fera la joie du cousin philat�liste.
Olivier Ngog
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