#113 - Du 15 novembre au 08 d�cembre 2008

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Lunar Park

 Lunar Park
Bret Easton Ellis
Robert Laffont
Prix éditeur
20.00 euros

Les chemins qu'emprunte Bret Easton Ellis le ram�nent
toujours � lui-m�me... Et pourtant, on sent poindre de nouvelles
interrogations chez l'auteur culte. Les p�r�grinations d'Ellis le
pousseraient-elles, progressivement, en dehors de ses
sentiers rebattus ?


On n'entre pas dans Lunar Park comme on entre dans
n'importe quel roman. On s'y pr�pare, presque. A vrai dire, avant
de se caler au fond de son lit et d'ouvrir l'objet du d�lit, on ne
peut s'emp�cher de se poser plusieurs questions. Un peu
comme si l'on allait vivre un moment d�terminant... Tout � coup,
la pi�ce se modifie autour de soi et la perception du temps et de
l'espace s'alt�re d'elle-m�me : le roman a d�j� commenc� son
oeuvre. Troubl�, on se contente de caresser distraitement la
couverture perfor�e et, les sourcils fronc�s, on se surprend �
esp�rer...
En fait, on est comme coinc� dans un ab�me de
questionnements : ne risque-t-on pas d'�tre affreusement d��u,
en d�finitive ? A-t-on bien fait de faire confiance, de nouveau ?
Va-t-on retrouver les th�mes f�tiches de l'auteur ? Le
narcissisme, la beaut�, la d�ch�ance, la d�sillusion, le sexe,
les marques commerciales, les drogues... Les obsessions
d'Ellis vont-elles se mettre � fusionner, � foisonner ? Est-on sur
le point d'assister � une nouvelle d�monstration de sa
complaisance l�gendaire ? L'auteur va-t-il continuer � se
moquer de nous, � se d�lecter de notre avidit�, de notre soif ?
Va-t-il nous donner � manger ? Va-t-on se sentir de nouveau
montr� du doigt ? Ne l'a-t-on pas un peu cherch�, en m�me
temps ?

Le retour du Roi
Il faut dire que Bret Easton Ellis n'est rien de moins qu'un "enfant
de sa culture", comme l'avait d�j� dit Stephen King � sa belle
�poque, pour d�fendre sa propre prose. En somme, comme le
sous-entendait le roi de l'�pouvante, on ne fait jamais
qu'optemp�rer dans une norme pr�-�tablie. On ne va donc
jamais r�ellement et totalement � contre-courant. Les th�mes
marginaux, les histoires-chocs et les intrigues controvers�es
servent toujours, pour tout ou partie, � une cause d�j� connue et
assimil�e. Qui croit-on encore impressionner, � notre �poque,
dans une s�rie de sc�nes trash ? Pr�s de treize ans
auparavant, quand le monstrueux Patrick Bateman
d'American Psycho faisait grimacer le lecteur sensible et
le poussait m�me � refermer le livre, on pouvait presque parler
d'oeuvre g�n�rationnelle : les auteurs se mettaient � se l�cher
r�ellement, et Bret Easton Ellis avait manifestement r�ussi
quelque chose. Mais aujourd'hui ?

Entre chien et loup
C'est bard� de ces certitudes pompeuses que l'on se coule
dans ce Lunar Park aux promesses m�lancoliques. Et
l'on attend. Et c'est ainsi que Bret Easton Ellis parvient � nous
tirer contre lui, subrepticement, pour nous conter son histoire �
l'oreille... Les yeux ferm�s, on �coute l'�crivain nous raconter
des morceaux de vie quotidienne, mais sur le mode de la fiction,
et l'on comprend tr�s vite qu'on va avoir bien du mal � d�m�ler le
vrai du faux. Car l'auteur sait ce qu'il fait. Apr�s une succession
de sc�nes famili�res, qui rappellent volontairement les univers
d'American Psycho et de Glamorama, Ellis se
pla�t � emprunter les voies du fantastique. Et l�, tout devient
possible...
Une peluche terrifiante du nom de Terby l'attaque sous son
propre toit, une banale f�te donn�e � l'occasion d'Halloween
devient un cauchemar � l'�tat pur, la demeure toute enti�re
rejoue � elle seule les grands classiques de maisons
hant�es... R�ves, hallucinations ou dangereux effets
secondaires ? L'auteur, qui se cache derri�re son double
litt�raire, ne cesse de tergiverser entre les possibles. On pense
� Stephen King pour le style, mais globalement, on ne sait plus
trop vers quoi se tourner. Oeuvre hybride par excellence,
Lunar Park pourrait se d�finir au carrefour de l'autofiction
et des genres de l'�pouvante, de la science-fiction, de l'�motion
la plus pure... De quoi se complaire dans la diversit�.

De p�res en fils
M�me si le vrai sujet du livre r�side ailleurs. Dans le conflit,
dans la confidence. Entre les lignes, on comprend tr�s vite
qu'Ellis ne fait que contourner un probl�me personnel, central et
mal r�solu : celui de sa propre famille, et des rapports
inexistants qu'il entretient avec elle. Ainsi, on commence �
comprendre que son p�re, mais aussi son propre fils, Robby,
forment la partie la plus r�elle de toute l'oeuvre... Mais
puisqu'Ellis aime brouiller les pistes, une confession intime
peut tr�s vite �tre troubl�e par l'apparition d'un terrifiant Patrick
Bateman. Sorte de Michael Myers en mal d'action, le c�l�bre
golden boy qu'Ellis avait cr�� en 1992 va obliger son
auteur � voir une nouvelle forme de r�alit� : sa propre vie... On
ne peut s'emp�cher de penser, alors, aux personnages
reparaissants de Balzac et � cette propension qu'ont les
personnages, parfois, de resurgir l� o� on les attend le moins.
Car finalement, face � Bateman, Ellis se retrouve tr�s vite face �
lui-m�me.Parfois, les auteurs prennent de nouvelles directions,
tout en gardant le m�me cap... Sans aller jusqu'� parler de
r�elle maturit�, on pourra relever que Bret Easton Ellis a amorc�
la plus belle �volution de sa carri�re. A travers cette �criture en
miroir, on suppose qu'une certaine boucle est boucl�e, et qu'un
cycle se referme. Alors on rouvre les yeux, on repose le livre et
on se pose de nouvelles questions. Une chose est s�re : Ellis a
jet� un nouveau pav� dans la mare, une oeuvre atypique... Une
oeuvre lunaire.

Julien Canaux



 
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