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Ordure blanche
| | Mysterious skin Scott Heim Au diable Vauvert
| Prix éditeur 23.00 euros
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Deux oeuvres, deux chefs d�oeuvre. Mysterious skin,
le livre et le film, l�vent tous les pans d�un trouble simple et
v�n�neux : le d�sir chez l�enfant.
Dieu s�est pench� sur Neil Mac Cormick et Bryan Lackey. Et les
a viol�. Dieu, pour un gamin des faubourgs proprets du Midwest
am�ricain, c�est l�entra�neur de base ball, sa moustache de cow
boy, ses �paules de ma�tre-nageur. Une part de r�ve am�ricain,
descendu d�un Olympe adulte pour aller plonger ses mains
sous la � bible belt � de ses petits admirateurs. Le premier en
concevra un amour infini, le deuxi�me oblit�rera le souvenir
jusqu�� sa n�cessaire et douloureuse excr�tion. Mais dix ans
ont pass�. Dieu n�est plus qu�une br�lure, l�adolescence a
creus� ses pustules et la vie s�est invertie comme il se doit pour
de petits martyrs. Neil, devenu maigre et beau comme une ic�ne
p�dophile, se prostitue, et Brian croit dur comme fer � l�origine
extraterrestre de ce qui le ronge.
Scott Heim a mis toute l�ambiguit� possible dans Mysterious
skin dont l�herm�tisme du titre refl�te finalement bien
l�imp�n�trabilit� de ses voies. Comment Neil peut-il tomber
amoureux de son violeur, l�id�aliser jusque dans la douleur et
vouloir courber le monde entier sous sa r�bellion juste pour
rendre cette seule relation acceptable ? Drogues, sexe : tout est
bon pour retrouver l�honneur perdu, celui pour la premi�re et
derni�re fois de sa vie d�avoir �t� �lu entre tous, mais pour la
d�gueulasse bagatelle.
Double trouble
Peu importe l�infamie. C�est � ce titre que Gregg Araki �tait
parfait pour l�adaptation filmique. Scott Heim et lui ne sont pas
de ceux qui reculent devant l�obsc�ne. Pourtant la simplicit� de
fa�ade du premier a r�ussi � diluer les effets baroques
qu�affectionnait le second dans des films comme Doom
generation ou Nowhere, qui sont � la nouvelle Vague
ce qu�un acn� purulent est � une calvitie. Mysterious skin,
le film, a pr�f�r� emprunt� une palette graphique l�ch�e et une
musique �th�r�e plut�t que le gros grain bien white-trash d�un
Larry Clarke. Sans pour autant glisser dans le pathos ou
l�ignominie, ce qui, quand on consid�re la crudit� fragile du livre,
rel�ve pratiquement du miracle. Un peu de lyrisme pastel sied
bien � ces peaux myst�rieuses et velout�es, ces caresses
assassines, ce mal-�tre berc� de coldwave, ann�es 80
obligent. Gregg Araki a finalement relev� le principal d�fi du
bouquin, faire ressentir en images sa simplicit� crasse,
po�tique et le trouble d�un amour indicible. C�est beau et c�est �
vomir. Laurent Simon
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