05 Nov 2009 |
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Une histoire vraie. Dans son dernier roman, Géraldine Maillet rend hommage à Ruslana Korshunova, jeune mannequin Kazakh au destin tragique. Le sujet a beau être rebattu, on n’est pas tout à fait dans le déjà vu. Et on reste toujours sensible au thème de la jeune star déchue…
”They love you when you‘re on all the covers…
When you’re not, well they love another ” Marilyn Manson, The Dope show
C’est l’histoire d’une ascension, suivie d’une chute, au sens propre comme au figuré ; une ascension comme il y en a des tonnes, et une chute comme il y en a peu, finalement… L’histoire de Ruslana Korshunova est tristement banale, sacrément clichée, aussi. Du moins en apparence. On ne compte plus les romans, les films où de jeunes filles qui souhaitent devenir célèbre finissent dans de sales draps… Ruslana, elle, finira par devenir un supermodel : de ceux qui captent toute l’attention, qui subjuguent les gens du métier… Ruslana est même pressentie, un temps, pour détrôner la Brindille, la reine Moss. On est balancé dans le hype, le glam, le haut-de-gamme, on voyage de Paris à Moscou, d’Almaty (ville natale de Ruslana) à Londres... On croise Kate Moss (encore elle), Karl Lagerfeld, on assiste à des échanges musclés entre pros du métier et mannequins affamés… Ruslana, elle, tente de se frayer un chemin parmi les requins. Tout ça « pour l’argent », dit-elle. Ce qu’elle veut, c’est aider sa famille restée au Kazakhstan…. Et sa mère surtout. On pourrait sombrer dans la superficialité, inhérente à ce genre de milieu, mais Géraldine Maillet apporte une vraie dimension, une vraie densité à son roman. On ne se sent pris en otage à aucun moment : les dialogues sont vivants et inventifs, les chapitres courts… L’héroïne est tour à tour pleine d’espoir, puis désespérée. On pense à Carrie de Stephen King, aux contes de fées avortés, aux princesses bafouées… « Je ne vends que la façade…
Sa propre vérité, on ne la doit qu’à soi-même. » Karl Lagerfeld
Pourtant, quelqu’un l’avait conseillé, Ruslana : « Ruslana, tant que tu es dans l’air du temps, on te désire, tu travailles, tout le monde est aux petits soins. Mais si tu veux mon avis, ne t’excite pas. Donne ta beauté, ta grâce et planque le reste… tes sentiments, enferme-les à double tour. » Si vous tapez « Ruslana Korshunova » dans un moteur de recherche, vous tomberez sur son joli minois. La jeune femme n’aura vécu que vingt ans, âge auquel elle se sera défenestrée à Manhattan. Mais de ce passage tragique il n’y aura que quelques lignes, pas plus. Géraldine Maillet a préféré s’intéresser à la vie du jeune top model, à ses joies et ses tourments, pour ne pas entrer dans un débat sans fin : suicide réel, ou complot mafieux ?
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