Nos mers et nos océans, deuxième opus des écrivains de la Marine est un hommage à son fondateur, Jean-François Deniau, disparu avant sa parution. Il offre surtout l’occasion de reparler de cette littérature imprégnée d’eau salée… Au moment où sort Le goût de la mer dans la petite collection du Mercure de France, quelques semaines après le festival Etonnants voyageurs de Saint-Malo, et avant l'arrivée des vacances et de Paris-plage, Zone-littéraire a eu envie de se pencher sur cet élément liquide qui inspira toujours nos chers auteurs. Baudelaire l'avait écrit dans ses Fleurs du mal, « Homme libre, toujours tu chériras la mer ». Plus près de nous, Jean-François Deniau avait rêvé des années à la création d’un collectif d’écrivains réunis par leur amour de l’océan: il avait finalement pris forme en 2005, avec un premier recueil, Nos marins, déjà aux éditions des Equateurs, dirigées par un autre passionné, Olivier Frébourg, grand reporter et voyageur invétéré. Pour Nos mers et nos océans, chacun des écrivains de la Marine a choisi de parler d’une mer qui le fascine, d'un voyage qui l’a particulièrement marqué. Les signatures sont alléchantes (Michel Déon, Didier Decoin, Bernard Giraudeau, Patrick Poivre d’Arvor…), le sentiment final, partagé. De fait, le lecteur néophyte en sort un peu frustré, chaque texte tenant plus du récit que de la nouvelle (exception faite de la drôlatique contribution d’Hervé Hamon), et usant d’un vocabulaire souvent ardu pour qui n’a connu de la mer que des traversées en ferry Calais-Douvre, et autre Marseille-Bastia! Les amateurs en revanche, apprécieront pour ces mêmes raisons ce recueil, véritable tour du monde maritime, de la mer du Labrador en Arctique (PPDA), en passant par la mer Rouge (Olivier Frébourg), l’océan Indien (Jean-François Deniau) ou la mer Egée (Michel Déon). Mention spéciale sera faite à la traversée sur la Jeanne servie par les mots toujours poétiques de l’ancien quartier-maître Bernard Giraudeau, ainsi qu’à la relecture historique au ton enlevé et vivifiant d’une vieille carte de l’Amérique méridionale par Jean Raspail. Les afficionados de la fiction reporteront avec peut-être plus de bonheur leur intérêt sur les autres œuvres des signataires de cet ouvrage : ainsi les récents Paquebot d'Hervé Hamon et Les Dames de nage où Bernard Giraudeau, avec la même langue exigeante que dans Les Hommes à terre, bruissante d'images et de senteurs lointaines, revisite ses voyages jalonnés de femmes, passantes ou présentes, toujours inoubliables. Citons aussi Un homme à la mer d'Olivier Frébourg, ou Avec vue sur mer de Didier Decoin, disponibles en poche. Il ne faut pas oublier non plus les hommes qui firent la mer, honnêtes capitaines ou pirates cabotins, qu’ils soient de chair ou de papier: la littérature en regorge. Après avoir lu le deuxième Pirates de Gideon Defoe au Dilettante, l’été est le moment idéal pour replonger dans les classiques qui l'ont inspiré, la plupart parus récemment aux éditions Phébus : Moby Dick d'Herman Melville, Mémoires d'un gentilhomme corsaire, d'E.J. Trewlaney, Les Révoltés de la «Bounty», de Charles Nordholf et James Norman Hall, L'Ile au trésor, de Stevenson, Moonfleet de John M. Falkner, ou encore Les Drames de la mer d'Alexandre Dumas (éditions du Sonneur), etc. Signalons enfin la parution en poche de l’excellent ouvrage de Jean-Pierre Moreau, Une histoire des pirates des mers du Sud à Hollywood : véritable anthologie historique du pirate digne de ce nom, il étudie ses origines dès le 16ème siècle, établit le lien étroit entre flibuste et colonisation, et témoigne d'une réalité bien moins reluisante que l'image d'aventures faciles qu'Hollywood nous en a donné. Il étudie par ailleurs très sérieusement les formalités juridiques, les équipements et le recrutement, sans parler de la rentabilité d'un tel office, éléments que doit connaître tout flibustier avant de prendre la mer. Enfin, cet ouvrage dispose d'un index, d'un vocabulaire maritime des plus utiles, sans compter des annexes recensant les principaux capitaines flibustiers, les nauffrages français célèbres, les trésors qu'il reste encore à découvrir... Si vous allez faire la plongée cet été, profitez-en pour vous enrichir ! Nos mers et nos océans, éd. Des Equateurs, 15,90 euros. Les Dames de Nage, Bernard Giraudeau, éd. Métaillié, 17 euros. Une histoire des pirates des mers du sud à Hollywood, Jean-Pierre Moreau, Ed. Points Seuil, 10 euros.
Maïa Gabily
Nos mers et nos océans Collectif Ed. Editions des Equateurs 142 p / 15 € ISBN: 2849900508
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