On croyait le genre relégué aux oubliettes, il n’en est rien ! Grégoire Hervier ressuscite le « slasher », ce film d’horreur pour ados, et en tire un premier roman remarquable. Don’t scream too loud… Dans Halloween, de John Carpenter, la jeune Laurie Strode essayait de ne pas succomber aux assauts du terrifiant Michael Myers. Près de vingt ans plus tard, c’était à Sydney Prescott, dans le Scream de Wes Craven, que revenait le rôle de la jeune et jolie persécutée… La suite, on la connaît : les « films-de-serial-killer-pour-ados » se sont déclinés à l’infini, avec des titres qui ne rivalisent pas toujours d’intelligence : Souviens-toi l’été dernier, Urban legend, Cut, Promenons-nous dans les bois… Les années 90 ont trouvé un nouveau filon de films à succès : la jeunesse dorée aux prises des pires maniaques, dans des situations toutes plus stressantes les unes que les autres. Les tueurs, à l’écran, s’arment tour à tour de couteaux et de crochets ; ils se vêtissent d’uniformes noirs, se recouvrent de grosses parkas ou de costumes de pêcheur… Et toutes les actrices un peu en vues y passent : Neve Campbell, Jennifer Love Hewitt, la chanteuse Brandy, Sarah Michelle Gellar… Plus qu’une formidable machine à faire du fric, c’est une véritable révélation pour les amateurs du genre : le slasher est né. Un sous-genre très apprécié, mais qui tend à fatiguer depuis quelques années : les « naïades poursuivies par les méchants » commencent sérieusement à s’essouffler… Blockbuster littéraire On pensait donc le genre un peu épuisé en 2006, mais c’était sans compter l’arrivée de Grégoire Hervier, 29 ans, un jeune auteur à la plume toute américaine : avec Scream test, le Français prend le genre du "slasher" à bras-le-corps et en fait une œuvre toute personnelle. Le support romanesque remplace la toile, mais l’horreur est bien là, très prégnante : pour les besoins d’un show télé, de jeunes Américains assoiffés de célébrité se retrouvent enfermés dans un appartement aux murs truffés de caméras. L’émission « The Last One » peut alors commencer, et le but du jeu est simple : les ados stéréotypés se voient nominés les uns après les autres par le fameux système du « tapez 1 ». Mais cette jolie bande d’anti-héros ne sait pas ce qui l’attend : rien de moins qu’une jolie balle dans la tête dès que l’un d’eux est éliminé… Clara Redfield, une détective de choc, s’empare très vite de l’affaire. L’émission, qui est finalement diffusée sur Internet, semble incontrôlable. Quant aux jeunes participants, ils ne se doutent absolument de rien… Mais qui peut se cacher aussi impunément derrière les zooms des objectifs ? Au carrefour de Loft story et du « teen-movie littéraire », pourrait-on dire, Grégoire Hervier joue avec les genres et se fait clairement plaisir en signant un premier roman surprenant, au titre évidemment emprunté. Et c’est bien simple : tout, dans ce Scream test aux couleurs adolescentes, dégouline de références américaines. Les flics entretiennent des rapports houleux, le rythme est soutenu comme dans un parfait blockbuster, et les jeunes candidats, comme Jamie, Chuck ou Tracy, sont à l’image de leur culture… Dans ce monde de faux-semblants, le parfum subtil de Paris Hilton n’est jamais loin, et très vite, le compte à rebours s’installe… Comment sauver les candidats d’une mort forcément ultra-médiatisée ? A vrai dire, les pages de ce roman se tournent vite, et avec un certain plaisir... Parfois même, dans la journée, on se remémore l’intrigue comme une idée plaisante. On repense aussi à cette vague de films, qui ne payaient pas de mine au départ mais qui ont su fidéliser, finalement, toute une génération. Et après avoir refermé le livre, on se surprend à revoir Jamie Lee Curtis, la toute première « Scream queen » des slashers. Jamie Lee Curtis et son célèbre cri, qui n’en finit pas de nous hanter…
Julien Canaux
Scream test Grégoire Hervier Ed. Au Diable Vauvert 294 p / 18 € ISBN: 2846261148
Articles les plus récents :
Articles les plus anciens :
|