Les Brèves

Un prix pas si discret
Un prix pas si discret
La France compterait autant de prix littéraires que de jours de l'année, de villes ou de cours d'eau, ...

les nouvelles ont aussi leur Goncourt
les nouvelles ont aussi leur Goncourt
Après le Goncourt des lycéens et le Goncourt du premier roman, la sélection du Goncourt de la nouvelle ...

PPDA : des ventes plagiées ?
  PPDA aussi bien que Hemingway ? Les chiffres des ventes de Hemingway, la vie jusqu’à l’excès ...

Linda Lê reçoit le prix Wepler
Linda Lê reçoit le prix Wepler
Un des derniers de la saison, le prix Wepler-Fondation La Poste a été attribué à Linda Lê pour ...

George Bush auteur de "crime novels"?
George Bush auteur de
Déplacer les volumes des mémoires de George Bush récemment parus dans la section "crime fiction" ...

Le Angot nouveau sera chez Flammarion en janvier
Le Angot nouveau sera chez Flammarion en janvier
De l'Arpenteur à Stock, de Flammarion au Seuil... et retour chez Flammarion. Christine Angot pulbiera ...

palmarès des prix de saison
palmarès des prix de saison
Ainsi soient-ils. Les jurys des prix littéraires 2010 se sont (presque tous) prononcés et les lauréats ...

Un pont pour le Medicis
Un pont pour le Medicis
C'est au tour du jury du prix Medicis de mettre au jour son palmarès de l'année 2010. A savoir: Maïlys ...

28

Fév

2006

En mode majeur
Écrit par L'équipe de Zone   
Voilà le talent. La simple évocation de cellules de peau
affleurant à la surface d’une eau savonneuse suffit à nous en
convaincre dès l’entrée. Nous sommes bien chez Jean
Echenoz.


La quatrième de couverture nous avait renseigné qu’il s’agissait
là d’un roman retraçant la dernière décennie vécue par le
compositeur français Ravel. Dont acte. Mais cela ne pouvait être
l’ordinaire biographie d’un pianiste connu pour avoir été
insomniaque entêté et très préoccupé de soigner sa mise. Le
blase nous fait penser à un Jouve ou, tiens! à un Chopin, entre
autres personnages composant l’onomastique de l’auteur,
plutôt qu’à un tube classique inspiré d’une danse espagnole.
Nous ne serions pas étonné que, d’ici quelques pages, ce
héros-ci virevoltât autour de la planète à bord d’une frêle capsule
comme d’autres s’en étaient allé vers le Grand Nord ou avaient
fomenté la sédition dans une plantation de caoutchouc
océanienne. Mais pour une fois, le voyage se fera dans le
temps. Les années vingt et trente, voilà des régions qui restaient
inexplorées. Nous roulerons donc en Peugeot 201 grise ou,
mieux encore, en « Stutz Bearcat carrossée grenat-lavande et
non moins décapotable »
.

Ravel quitte un matin sa baignoire, à Montfort-L’Amaury et à
l’hiver 1927, pour traverser le grand bain, jusqu’à l’embouchure
de l’Hudson River, à bord du luxueux navire amiral, baptisé Le
France. Le contrapontiste entendra, entre rêveries sur le pont,
lecture d’un manuscrit de l’ami Conrad et visionnage d’un des
derniers films muets, une de ses sonates interprétées par des
employés de la compagnie avant de se trouver mieux servi par
soi-même. À New York, Boston, Toronto ou la Nouvelle-Orléans,
il donnera, non sans quelques couacs, des concerts sold-out et
imposera ses caprices dans toute l’Amérique du nord. Quatre
mois plus tard et après avoir visité le golfe du Mexique, bravé la
prohibition, croisé Charlie Chaplin, éconduit Gershwin, il faudra
rentrer dans les Yvelines et de nouveau lutter contre l’ennui.
Pour ce faire, marcher dans la forêt de Rambouillet, continuer de
prévoir chaque jour une nouvelle et impeccable tenue,
composer à l’occasion des chefs-d’oeuvre, jouer toujours et
endurer encore de s’entendre joué, plus ou moins haut la main
unique, par Paul Wittgenstein. Et même encaisser de
s’entendre dire son fait par Toscanini : « Vous ne connaissez
rien à votre musique ». La vie suivra son cours decrescendo. Un
jour, et de but en blanc, quelque chose ne collera plus.

La première fois qu’on lit le mot « Boléro », dans le dernier tiers
du texte, c’est au sujet des vestes sans manches d’Ida
Rubinstein ! S’il suit un tant soit peu la partition qu’impose le
sujet, le lauréat du prix Goncourt 1999 se joue des contraintes et
toutes les fondamentales échenoziennes sont bien présentes :
Les motifs et les thèmes, les tournures qui font marquer un
silence – « Puis il fut encore tôt… –, le ton distancié, l’esprit de
détail et de minutie. Tout est là du baroque que l’on aime chez
l’écrivain.

Olivier Ngog

Zone Littéraire correspondant

Ravel
Jean Echenoz
Ed. Minuit
124 p / 12 €
ISBN: 2707319309









Articles les plus récents :
Articles les plus anciens :

 
Joomla SEF URLs by Artio

News

Nos dernières interviews

Who's Online?

Nous avons 13 invités en ligne