Il n'y a pas de répit et si peu d'humanité dans le monde des dominants. Tel est le propos de ce premier roman prometteur qui nous embarque dans les coulisses des jeux télévisés. Style enlevé et cynisme bien dosé portent ce livre drôle et singlant. Jean-Victor Assalti: Le narrateur de ce premier roman porte un nom prometteur, dynamique, symbole du parfait dominant à qui l'on a enseigné fièrement l'art de snober ou d'écraser le commun des mortels. Communs à qui il va devoir se frotter après avoir relevé le pari de participer à un jeu télévisé, La Cible. Ce jeune goldenboy agaçant a dégringolé quelques marches dans son ascension sociale programmée pour être impeccable. Dans son monde, tout est affaire de statut, et il se sentait protégé derrière des initiales gagnantes,J-V, ne se doutant pas qu'il pourrait y avoir une faille. Mais lorsque Ben Laden explose des tours pour semer la pagaille dans les milieux « dominants », tout s'écroule vite. Les dominants et les dominés: voici l'axe principal autour duquel l'auteur parvient à tisser une intrigue qui, sans être d'une originalité absolue, devient très vite haletante. Au final, après une analyse très juste de cet écart, on a plaisir à voir le mélange des deux mondes, et a suivre la déconnexion de J-V qui observe le mode de vie des dominés, bien plus sereins, plus bien heureux. Il croise des candidats enjoués, des présentateurs balsés et comprend l'ampleur des productions télévisées: la vedette reste le concept, et ce concept a été créé par ses frères dominants. Mais le narrateur comprend auss que, dans leur assurance de supériorité, les dominants sont régis par une exigence constante de réussite qui passe par le tri séléctif. Tout déviant est rejetté en force. C'est pour cela qu'il s'acharne à réussir le pari lancé par l'un d'entre eux. L'apprentissage de l'humilité L'auteur séduit avec une bonne dose de jeux de mots jouissifs. Son écriture cynique mais légère, drôle et réaliste à la fois, raconte justement ce système auquel nous n'échappons pas. Lui-même issu d'HEC, il avoue avoir été « cultivé » dans le même bocal que son personnage. Et c'est ce qui rend son roman encore plus réaliste: Observé de l'intérieur, le milieu des dominants est retranscrit avec précision et son cynisme semble d'autant plus justifié . Là où le personnage devrait jouir de sa position de dominant un poil moqueur, il devient très vite proche des ressentis basiques des candidats. C'est ici que l'intrigue prend tout son sens: Lorsque les règles de la réussite diffèrent, rien ne reste évident. Et la meilleure arme s'avère être l'humilité.Or, d'un simple pari, ce casting va devenir la condition de son retour dans le monde actif des dominants qui l'ont vite écarté. Epique et risbile, cette aventure est instructive et dotée d'une bonne part d'humanité. La vision manichéenne qui semble être commune aux dominants est vite boulversée par les épreuves que J-V va passer au contact d'autres candidats dont la jolie Emma. Et si gagner ou perdre n'etait, finalement, que dérisoire, quand le simple fait de jouer procure des jouissances plus authentiques?
Michel Olivia
Hors Jeu Bertrand Guillot Ed. Le Dilettante 282 p / 0 € ISBN:
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