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29

Avr

2010

Folle jeunesse
Écrit par Julien Canaux   
Dix-sept ans : l’âge des promesses ? Un âge qui fait peur et qui fait rêver… Une phase un peu bizarre en tous cas, où l’on est encore en transition, dans des limbes, dans un entre-deux parfois chaotique. À travers le personnage de Manon, Virginie de Clausade nous propose une lecture sensible et violente de cette folle jeunesse, et signe par là-même son tout premier roman...

Rimbaud l’avait écrit : on n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans. À cet âge-là, on se défend de tout, on se débat avec tout… Parfois même, c’est le début des ennuis et de l’errance ! C’est plus ou moins à cet âge qu’on passe le bac, qu’on nous parle de permis de conduire, d’orientation, de ce qui devrait être notre futur job… Et dans le même temps, on entre dans une certaine vie sexuelle, notre identité se profile, nos goûts s’affinent, nos choix s’aiguisent. À un an de la majorité, le trouble s’installe. Dix-sept ans, c’est un âge complexe en somme ; un âge au carrefour des possibles, rempli de doutes, de désillusions, et de promesses. Des promesses qu’on nous fait, et que la société ne tient pas. Les ados d’aujourd’hui ne sont pas dupes de cette mascarade de toute façon… ils la déjouent bien souvent. Avec leurs propres armes: leur fraîcheur, leur insolence, leur dérision.

Smells like teen spirit

Virginie de Clausade pourrait bien représenter ces jeunes femmes modernes, blondes et tatouées, fières et sensibles... De celles qui portent le débardeur de manière impeccable, quand d’autres affichent une féminité plus conventionnelle. Fraîche à la ville comme dans son écriture, notre auteure aime notamment Virginie Despente ; il y a justement un peu de cette verve féministe dans ses écrits, comme dans sa personnalité doucement sauvage…
Pendant toute la lecture de cet Âge des promesses, on sent la romancière qui a aimé se replonger dans l’âge tendre pour en extraire des morceaux choisis. Gavé de tourments adolescents, son roman devient finalement une fiction inclassable ; il échappe d’ailleurs à une certaine cible adolescente, et pourrait bien échapper à certains adultes... Sans dévoiler la trame (fulgurante) et son aboutissement (surprenant), L’Âge des promesses propose une écriture simple et imagée. Tel un scénario riche en dialogues, les scènes se succèdent à cent à l’heure, au rythme des mois d’une année scolaire, et l’on suit les tribulations d’une Manon en rébellion, absorbée dans son quotidien de lycéenne overbookée… Comme dans ses différentes addictions, qui tournent en boucle : l’amour, l’a drogue, l’amour, la drogue.
De l’histoire banale d’une lycéenne de Terminale qui passe son temps à sécher les cours, et dont les copines et le boyfriend représentent le monde entier, Virginie de Clausade est parvenue à cristalliser l’esprit d’une génération désenchantée, en quête de repères et d’identité. Et face au monde des adultes, ce ne sont pas que des mots. Oui, quand on a dix-sept ans, on peut être grave et sérieux ; on peut porter en soi un poids et une réflexion qui nous distinguent de la légèreté adolescente. A cet âge-là, on nous berce souvent de vaines promesses… Comme autant de paradis artificiels ?

L’Âge des promesses
Virgine de Clausade
Éditions Flammarion
324 pages - 17 Euros

 
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