30 Jan 2010 |
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La découverte d´un auteur n´ayant pas encore été traduit en France est toujours un moment excitant pour un lecteur. Avec Sylvia, de Leonard Michaels, on percute direct : un style, une atmosphère de drame planant sur des personnages dévastés et dévastateurs, un New York vintage.... Tout est dit. Ou presque. C´est un livre qui a cette pureté de style qui donne envie de se taire. Ou de vous le lire à haute voix. Difficile de trouver les mots justes pour décrire, justement, la force de court roman doté d´une charge émotionnelle immense. L´auteur, qui a écrit ce texte en 1992, raconte quatre années de sa vie passée aux côtés de sa femme, Sylvia Bloch. Quatre ans de passion violente et destructrice, ponctués de crises et dont le dénouement fut tragique. Une histoire banale, mais relatée par un auteur qui choisit chaque mot pour toucher juste, au plus profond de son lecteur. Dans un décor new-yorkais des années 60, on pénètre dans l´intimité de l´auteur et de Sylvia, terrible petit monstre de nerfs, jeune femme emportée, changeante, dont la moindre saute d’humeur est étudiée par le narrateur amoureux, interrogatif. Piégé peut-être ? C´est le récit d´un jeune époux qui découvre l´insolence de l´amour éperdu et de la jeunesse perdue. Tout entier plongé dans le noeud des sentiments liant ces deux jeunes gens, le livre implique pleinement le lecteur dans leur relation, tortueuse et torturée, et l´enferme presque tout autant que l´est le jeune narrateur face à cette impossibilité de prendre du recul dans un dilemme passionnel.
Écrire la singularité de l'amour « En fait, ils ne savaient rien. Moi non plus d´ailleurs, lorsque je tenais Sylvia dans mes bras, que je la traitais de tous les noms avant de leur dire que je l´aimais. Je ne savais pas que nous étions perdus. » écrit Michaels. Entrecoupé de morceaux de journaux intimes de l´époque, ce livre laisse transpirer la douleur que l´auteur a pu vivre. Ses mots, choisis justement, invitent à questionner les notions de jugement et de normalité. L´auteur parvient à illustrer magnifiquement ce que tout amoureux a pu vivre ou vivra un jour : la sensation de vivre quelque chose d´inédit, quelque chose que personne ne peut comprendre et qu´on n´autorisera personne à juger. Quitte à ne pas voir le pire venir. Le pire, Sylvia le contient aussi. Ce qui finit mal, ce qui fait mal et ce qui ne peut être dit dans ce papier, pour ne pas ôter l´envie de le lire. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Céline Leroy
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