18 Jui 2010 |
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Si devenir mère est une des choses les plus belles au monde, cela peut se transformer en combat quand le père est absent, que l’on approche de la quarantaine et que l’enfant naît prématuré. Qui plus est à Naples où les conventions rendent les esprits peu bienveillants envers les mères célibataires… Valeria Pariella dresse un portrait de Naples en négatif. Le cours du temps est irréversible. La vie s’y déploie, à son rythme certes, mais selon une inévitable linéarité, régénérée par moments par de nouvelles naissances, qui font l’effet de cures de jouvence pour les adultes environnants. Il arrive cependant qu’une arrivée, contre nature car anticipée, bouleverse la normalité du processus. « Voilà, Irene, ma fille, mourait ou naissait, je n’ai pas très bien compris : pendant quarante jours, ces mots ont désigné un seul et même état. » Tels sont les mots de Maria, femme célibataire de près de quarante ans, lorsque sa petite fille, dont la conception même relevait du miracle pour son entourage, a vu le jour un peu trop tôt. Un contretemps qui met entre parenthèse un accueil de plain pied dans l’humanité. Ce temps que l’on pourrait considérer négatif ne devient en effet pas immédiatement positif car entrent en jeu toute une série de diagnostics, mesures et expériences quant à la viabilité de l’être en supposé devenir. C’est dans les interstices de ce sursis, de ce temps étonnamment suspendu, étiré, que Valeria Parella s’introduit, observe et souligne la déformation du quotidien qui s’ensuit. Jour après jour, dans les couloirs de l’hôpital, côtoyer ces femmes qui, comme Maria, attendent le verdict : pourront-elles ou non rentrer chez elles avec leur enfant ? Et l’inévitable mélange de culpabilité, d’impuissance et d’incompréhension qui s’instille au fil des jours rythmé plus par la fatigue et les battements de cœur d’Irene dans sa couveuse que par le lever et le coucher du soleil. En suspens Ne pas s’attendre à un huis clos confiné aux chambres de l’hôpital toutefois. Car, autour de Maria, dans les rues de Naples et dans l’école où elle enseigne l’italien à des immigrés récemment arrivés, la vie continue. Ce qui peut être difficile à accepter au début est aussi ce qui lui permet de tenir. La détermination avec laquelle ces étrangers qui ont fait le choix de se déraciner, s’efforcent de travailler, de s’intégrer, de comprendre et de se faire comprendre pour se faire adopter par la société italienne, renvoie à la détermination et la persévérance qu’elle s’impose et cherche à transmettre à Irene pour la maintenir en vie. Le temps suspendu
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