| | Pot Pourri de Lydie
Les notes �crites par Hugo ou Flaubert dans leurs marges sont
rest�es c�l�bres. On les republie, on les recommente ; bref, on
n�en a jamais fini avec les phrases, �dit�es ou pas, d�un auteur.
Lydie Salvayre devance ses h�ritiers.
C�est ainsi qu�elle r�unit un corpus de textes exclusif : gageons
que ce pot-pourri se fera remarquer au sein de sa bibliographie.
Et que les vers mangent le b�uf mort, ce sont un
encha�nement de pages de mots �crits en marges de pages de
mots. Jamais publi�es auparavant, elles forment bel et bien un
groupe qui se tient, qui se d�cha�ne lorsqu�on l�assemble. O�
l�imagination galope et captive. Mais comment Lydie Salvayre
s�est-elle d�brouill�e pour mettre tout cela bout � bout sans que
l�on ait l�impression d��tre face � un v�ritable coq-�-l��me
cacophonique ?
Car � sa mani�re, dans l��criture, Lydie Salvayre fait de la
musique. Presque du Noir D�sir � sa mani�re, qui sait
o� il va, qui ne se g�ne en rien, qui emprunte les mots sans les
rendre, qui nous conduit lentement mais s�rement vers ses
domaines de pr�dilection. L�auteur nous embarque sans que
nous nous en rendions compte, hors codes culturels
confondus.
Rien � voir avec ses pr�c�dents �crits. Pas une once de
repeat, pas de refrain, mais quelques couplets
entra�nants ; et pourtant, tout semble avoir une coh�rence
d�ensemble peu commune, d�cousue et entrem�l�e � la fois.
Permettez que l�on poursuive cette m�taphore fil�e, qui convient
si bien aux textes. Et que les vers mangent le b�uf mort,
ce serait un peu comme une m�lodie faite de rythmes et de
ruptures, de pointes lyriques et de l�g�res mais dr�les
d�envol�es. On le lit rapidement et avec plaisir, on peut le relire
comme on re-playrerait une bande pas tout � fait int�gr�e d�s la
premi�re �coute. Sur laquelle il est impossible de faire pause,
sur laquelle il est impossible de retrouver le son exact du
souvenir.
A lire, surprenant : Famille 1. O� un fils �norme tue son
p�re, incapable de supporter en silence, ainsi qu�il le fait depuis
sa naissance, la pr�sence de celui qui le prive de sa m�re et de
son individualit�. Remarquablement Freudien, voire
Nietzsch�en pour les non-puristes.
Tanguer et son questionnaire poss�dent des
histoires peu communes, que vous d�couvrirez dans la postface
de Lydie Salvayre (voir Camilla Saraceni et son affiche de
spectacle). Tout ce que l�on peut en d�voiler est que vous
risquez de vous mettre � valser, pardon, � tangoter (tanguer ?)
au gr� de ce dialogue th��tralo-dramatico-romantico-grotesque
concoct� par la plume brillamment ac�r�e de l�auteur.
Enfin ne manquez pas L� Eloge de l�Eloge de l�Oisivet�
(du c�l�bre Herman Hesse, d\'ailleurs republi� chez Calmann
L�vy), qui renverse et vous persuade que l�on ne peut �tre
paresseux face au livre que l�on tient entre les mains. A
manipuler avec pr�caution, ces notes ne pourraient-elles pas
devenir aussi c�l�bres que les textes dont elles ont �t� issues
presque involontairement ? Emma Le Clair
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