11 Sep 2009 |
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Pas un air de Sweet Child Of Mine, de Sweet Home Alabama ni même un petit Sweet Little Sixteen, à se mettre sous le tympan. Solo, ça n’est guère plus qu’un sweat-shirt aux couleurs un peu passées mais dont on est incapable de se débarrasser. Un Top of the Pop-littérature.
Deux romans dont un excellent deuxième –Exhibition, considéré comme le premier- un dictionnaire du rock qui fait très largement autorité, pas mal pour un type qui a peur de s’embarquer. Si Exhibition reflétait une société cultivant la mise à nu, Solo c’est plutôt une génération qui se met à poil. Hollywoodienne, Assayas définit sa partition solo comme telle. Le pitch est d’ailleurs celui d’un film que « Lindsay Lohan et Nicolas Cage auraient pu interpréter ». Fausse note. Dans sa vie trop installée, un simple événement vient destabiliser l’existence monotone de Denis, que la presse qualifie de borne incontournable de la scène rock alternatif. La quarantaine trébuchante, il se prend en pleine face les trente années précédentes dont il connaît l’intégralité de la partition. La cause, Tatiana. Une ancienne conquête qu’il a rockaroundtheclockée il y a quelques années et qui lui réclame 100 euros pour rembourser les frais d’avortement. Moderne malgré tout, il apprend l’IVG par GSM. Serait-ce le retour de Glen Close et de sa Liaison fatale. Hall of Fake ? Dans cette déconstruction temporelle oscillant entre le passé et le présent, chaque repère est celui de la musique, une clef de solo, à quelques rares infidélités pour le cinéma, patronyme oblige. Quelle couleur Assayas a-t-il voulu donner à son propre alter ego ? L’alter ego d’un Bernard Lenoir. L’enfant du rock est devenu vieux. Soft and only, et lost and lonely. Une sorte d’errements en noir et blanc d’un quadra qui a du mal à passer en quadri. Denis s’est laissé glisser dans la posture d’un homme vertueux, qui dissimule un manque de courage, « une sournoiserie médiocre », une prudence toute bourgeoise en somme. Mais pas question pour autant de déprécier le dépressif. Face à ce désespoir ambiant, Assayas a une arme, l’humour. Une reconstitution chirurgicale d’un sommet du paf, Sans aucun doute et sans courbet(te). Bonne note. Et enfin arrive le jour où la jeunesse réclame des comptes à ceux qui ont construit le monde dans lequel on la prépare à grandir. Conflit de génération. Denis participe à la culture de l’immédiat quand Tatiana souhaite le durable. Who’s next ? Pur produit de son époque, il dilapide un héritage conséquent. Dans une note au lecteur Mishka Assayas confesse qu’il ne cherche ni excuses ni circonstances atténuantes. « Oui, on a merdé et on a laissé un monde merdique ». Salaud.
Solo
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