On y entre,intrigué, voyeur automate attiré par son semblable, sans jamais être totalement certain de se trouver du côté de la littérature. L'écriture du « je » passionne ou irrite, laisse très peu indifférent. Nathalie Rheims nous offre pour la rentrée un Journal Intime, brut et d'une sincérité poignante qui dit les dégats d'une passion amoureuse. On se pose souvent la question de savoir ce qui nous attire dans la lecture d'un journal intime. Question légitime tant la nature humaine, exècre, en général,toute preuve de son évidence première et éclatante: son égocentrisme. Je est un étrange narrateur qui se raconte et devient littérature dès lors que ses mots nous parlent. Les auteurs se cachent souvent derrière leurs personnages pour mieux transpirer dans les mots employés. D'autres s'exhibent avec brio. C'est le cas aujourd'hui de Nathalie Rheims qui, après une longue liste de romans ancrés dans un univers étrange et aussi repérable que sa chevelure, a choisi d'intituler son dernier roman: Journal intime . Pour la première fois, le « je » est le personnage principal de son texte; un texte au plus profond de l'intime. Nathalie Rheims ne cherche pas à dissimuler ce que contiennent les pages de son Journal Intime. Brut et sans fioritures, le texte raconte l'histoire d'une passion amoureuse. Un amour ravageur qui accapare la totalité du personnage, tout son être.On en ressort avec une sensation étrange de s' imiscer dans un lieu défendu où le coeur se débat , impuissant, et cherche à retenir une passion enfuie. La délivrance du dire Epuré de tout supplément romanesque,le texte se sert brut. C'est là une façon, pour la romancière, de se démarquer des autofictions maquillées que l'on trouve habituellement sur les tables des librairies de la rive gauche.Ici, le coeur se bat ligne après ligne pour exister aux yeux d'un autre, celui d'un homme qui a choisit l'éloignement. Nathalie Rheims écrit avec ses tripes- mais des tripes poétiques- et elle n'hésite pas à user de métaphores qui se posent justement sur les douleurs. Aucun fil romanesque, seules quelques bribes de souvenirs précis et des phrases passionnelles peuple ces pages. Un homme désire posséder une femme, et reste prisonnier d'une autre, écrit la romanicère. Voilà le thème de cette étrange texte proche d'une lettre qui alterne le tu et le je, tous deux emmelés dans les souvenirs intimes de la narratrice qui dit faire ce texte pour s' 'avouer vaincue et pour triompher du mal . Ce Journal intime est là pour nous rappeler toujours cette nécéssité qui existe entre la vraie vie et la littérature. Nathalie Rheims écrit vouloir crocheter les serrures à coups de stylo. Un stylo qui délie les douleurs dans un long champ lexical de la falaise, du gouffre. La romancière signe ici un livre singulier et qui agit comme un miroir évident pour tout lecteur ayant été frotté à la passion. Son écriture habite la solitude et le désarroi de sa narratrice, écrivain, elle aussi...
Michel Olivia
Journal intime Nathalie Rheims Ed. Léo Scheer 160 p / 0 € ISBN:
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