Comment se déroule la sortie du livre ?
Extrêmement bien. Les retours de lecteurs sont très encourageants. Et puis il y a la télévision. Elle a un pouvoir énorme sur la promotion des livres. Depuis mon passage dans l'émission de Cauet sur TF1 et Fun Radio, je suis passé de quelques visites par jour à plus de 3500/ jour. La télévision a des répercussions incroyables.
Vous arrivez avec un premier roman là où on ne vous attendait pas...
Depuis que je travaille, je vais toujours là où on ne m'attend pas. J'ai réalisé qu'il fallait que j'en fasse ma marque. Très longtemps, le regard des autres m'a gêné. Du genre "comment peux-tu animer Exclusif et en même temps organiser des concerts jeunes publics avec
l'orchestre national de Lyon ? ! " On peut être pluridisciplinaire, c'est même une chance. On peut s'épanouir dans plusieurs formes.
Au cours de ma formation, j'ai fait le conservatoire de danse classique, j'ai fait les beaux arts, en sculpture et arts plastiques…
et j'ai fait une hypokhâgne. On peut donc faire des études, de la danse plus de dix heures par jour et s'éclater devant la Fureur le samedi avec des copains. Finalement il y a une logique. Pour l'écriture c'est pareil.
Alors comment vous êtes-vous mise à écrire ?
Quand j'étais plus jeune, tous les mercredi, j'allais à la bibliothèque municipale d'Annecy dans des ateliers d'écriture pour enfants. Ca commence par des petits poèmes pour la famille, puis c'est au tour du journal intime. Après il y a tout ce qui touche à l'écriture dans la vie, les lettres d'amour…On communique beaucoup par l'écrit jusqu'à MSN et les SMS. J'ai une passion pour l'écriture depuis toujours, je lis comme une folle depuis que je suis enfant. D'ailleurs dans le livre il a certaines références. Le personnage dit à un moment que son petit frère l'appelle Anto, elle est comme une anthologie. Si j'ai quelques points commun avec l'héroïne du livre c'est bien celui-là. Ma tête est remplie de poèmes, de
textes que j'ai naturellement appris par cœur parce que l'écriture de grands écrivains me fascinait. Tout ça fait parti de ma culture.
Est-ce que vous avez couvé le livre pendant longtemps ?
Non pas du tout. Le déclic est venu avec l'arrêt de la télévision. Je me suis arrêté de travailler à l'arrivée de ma petite fille et puis comme je ne pouvais pas rester inactive, j'en suis venu à l'écriture. La chose la plus facile à faire depuis chez soi. Je l'ai donc écrit très vite à côté de ma fille. Le livre m'a pris une année.
Quelle est la part de biographie et celle de fiction ? Comme l'héroïne, vous avez fait des arts plastiques…
C'est une pure fiction avec évidemment des clins d'oeil à la réalité comme la musique classique etc. Le fait qu'elle soit sculpteur est important, parce qu'elle a besoin de travailler en 3 D. Comme elle a un rapport sensuel au monde. La terre, c'est avec les
mains, le corps. La base c'est le modelage. Le peintre lui passe par un outil… Elle avait besoin d'avoir une relation fusionnelle avec ses travaux. Elle passe ses mains sur les corps comme s'ils étaient réels. Par rapport au sujet, tout cela s'est imposé à moi. Je trouve que c'est important l'imaginaire. Le roman est une composition. Quand on écrit, on est à la fois auteur, metteur en scène, comédien. Ce n'est pas un souci pour moi de travailler l'imaginaire et dégager des fantasmes, de l'érotisme. Je suis incapable d'écrire sur le réel.
Il faut tordre la réalité avec des couleurs. Ça peut être déprimant d'écrire un livre, comme celui-ci, sur l'incapacité d'aimer pour différentes raisons. Pourtant il faut transformer, comme le sculpteur, y introduire le désir. Elle n'est pas déprimante car elle est en permanence en quête de désirs. Elle fait quelque chose de sa vie.
Est-ce que vous saviez où l'histoire allait vous mener ou vous êtes-vous laissée porter par l'héroïne ?
J'avais commencé à écrire un texte qui s'appelait Mon voisin s'appelle Platon. Platon, c'était mon voisin de pallier. Quand je suis arrivée à Paris, j'ai vécu six ans dans une chambre de bonne. Un jour il est tombé et je l'ai soigné. Il avait un Alzheimer et tenait
un discours très incohérent. Si bien que je ne savais rien de sa réalité. Et pourtant j'ai vécu six ans à côté de lui. Et puis ce Platon est mort. J'ai alors reçu une lettre des hôpitaux de Paris. J'ai compris ce jour là que cet homme était seul. Je me suis dit que j'allais écrire un livre où j'essaierai de recomposer sa vie. Je trouvais tellement angoissant de le voir mourir dans l'indifférence, de ne rien savoir de sa vie. Je voulais le faire exister à travers un livre. C'est cette expérience là qui m'a conduite à transformer la réalité et faire Déshabille toi !
Charles Patin_O_Coohoon
Emmanuelle Gaume
Ed.
0 p / 0 €
ISBN: