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Portrait de Nora Hamdi
Rendez-vous avec Nora Hamdi au Zorba, bar de Belleville. Longs cheveux noirs ondul�s et silhouette longiligne. C�est exactement la photo sur la couverture de son deuxi�me roman : Plaqu� or. Elle m��voque imm�diatement S�loula, l�h�ro�ne de son livre. La fronti�re entre l��crivain et son personnage n�est-elle pas infime ?
On s�assoit � une table pour converser. J�ai envie d�en savoir plus. Effectivement, Nora et S�loula se ressemblent beaucoup. On dirait des jumelles. Toutes deux ont quitt� leur banlieue pour s�installer � Paris. Elles en sont tomb�es amoureuses la premi�re fois o� elles y ont pos� le pied. D�autant que cette ville, c�est Saint-Germain des-Pr�s, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir qu�elles lisaient � la biblioth�que.
Nora n�a jamais su ce qu�elle voulait faire gamine, mais elle savait ce qu�elle ne voulait pas faire. �En fait j��tais limite autiste, je parlais peu, j��tais beaucoup en observation. J�ai toujours eu un rapport �trange avec la r�alit� �.C�est aussi pour cela qu�elle �crit, parce qu�elle a des trous dans son histoire et ne se souvient plus trop de son enfance. Alors elle tente de retrouver sa m�moire sur le papier. � j�me visite face � l�inconnu �. Mais attention, elle dit qu�elle n�est pas �crivain : elle n�aime pas � la posture de l��crivain parisien : le c�t� je pose, attention, je mets les lunettes �, elle trouve �a ringard.
Elle aime bien l�anonymat. Il est vrai qu�elle a l�air d�une nature plut�t timide. Souvent elle se frotte les mains, et ses yeux sont mobiles, comme pour fuir le regard de l�autre.
� Evidemment que j�assume ce que je fais mais c�est pour moi et pour les gens qui me liront. Et puis je trouve qu�en ce moment n�importe qui fait n�importe quoi. Moi j�ai toujours fait de l�art. Artiste c�est quand m�me quelque chose qui se paie. A 20 ans, je faisais de la peinture. A 8h30, j��tais devant ma toile. Tous les jours, jusqu�au soir m�me si rien ne sortait �. Et c�est pareil avec les mots. � C�est une vraie guerre en fait l��criture �.
En ce moment, elle travaille sur son troisi�me roman, en m�me temps que dans une usine de montage de bobines de films : � �a ne m�enchante pas vraiment, c�est carr�ment pas passionnant mais c�est pour la thune �. Elle a l�impression de ne plus avoir de cerveau. A la fois c�est une � v�ritable exp�rience humaine le milieu ouvrier, de voir tous ces gens se crever pour 1000 euros �a fait r�fl�chir. C�est comme mon p�re qui a boss� comme quatre sur les chantiers. �
En plus de tout cela, elle aimerait adapter Plaqu� or au cin�ma et le r�aliser elle-m�me. D�ailleurs, elle est en train de chercher un producteur. Elle pense aussi � une pi�ce de th��tre : � Parce que c�est puissant et fort et que �a d�gage beaucoup d��motions. Il y a beaucoup de dialogues et cela donne une autre dimension au travail d��criture. � Elle �voque M�d�e, sa force et sa violence, cette passion amoureuse proche de la folie dont la trag�die grecque et classique ont le secret. Elle parle de Bernard-Marie Kolt�s et de sa pi�ce : Dans la solitude des chants de coton. Elle a vu une mise en sc�ne de Patrice Ch�reau avec beaucoup de gens et beaucoup de couleurs. Ca l�a bluff� ! La discussion s��gare un peu. Je laisse les b�tons se romprent. On parle cin�ma. Elle aime aussi les s�ries t�l�. Elle me confie qu�elle a plaisir � regarder Sex and the city. Ca l��clate � ces quatre nanas qui sortent tout le temps entre elles pomponn�es comme un soir de 31. Genre o� elles trouvent l�argent, elles travaillent jamais ! �
En v�rit�, ce � quoi elle aspire intimement, c�est vivre de sa plume. Il faut se dire qu�on est suffisamment barr� pour y arriver. Nul doute qu�elle l�est.
Prune de Beaupr�s
Nora Hamdi, Plaqu� or,�dition du Diable Vauvert,17 �.
Le site du Diable Vauvert
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